Par Mustang - 10-02-2017 21:18:03 - 4 commentaires
Escort boy !
Parmi les nombreuses fonctions que j’exerce au sein de mon club et auprès de la FFA, je suis escort boy… euh, pardon, escorte pour le contrôle anti-dopage.
J’avais suivi une formation théorique l’an dernier avec des représentants de l’AFLD, l’Agence française de lutte contre le dopage. Jusqu’à ce dimanche, je n’avais pas pu mettre en pratique la procédure que j’avais apprise. Dans la semaine précédente, j’avais reçu un mail précisant mes fonctions sur cette compétition de cross : juge aux arrivées et escorte pour le contrôle antidopage.
La veille au soir, j’étais juge sur le concours longueur d’un meeting international d’athlétisme (Je suis juge fédéral sauts), aujourd’hui me voilà escorte ! Va pour une nouvelle expérience. Cependant, rien n’est sûr. Comme tout organisateur doit le prévoir, il faut mettre en place toutes les conditions pour effectuer un contrôle antidopage sans savoir si celui-ci aura bien lieu ; le secret est de rigueur :
- Les lieux avec une salle d’accueil pour les athlètes, des salles pour les médecins et des toilettes F et H
- Le personnel avec des escortes femmes et hommes en nombre suffisants, de préférence licenciés FFA.
Je suis sur le terrain depuis 9 h, je m’occupe des dossards des minimes pour les Intercomités et ils viennent au compte-goutte les chercher, grrrrrrrr !. je n’ai pas trop le temps de voir à la fois mes athlètes à la tente du club, ni de voir les premières courses. 14 h 30, mon téléphone sonne. Réunion des escortes ! Le contrôle a bien lieu ! Nous nous réunissons tous, les escortes et les délégués de l’AFLD. Petit rappel sur notre fonction en mettant l’accent que nous devons pas quitter l’athlète désigné sans le gêner pour autant, comme aller sur le podium ou répondre aux journalistes. Je reçois le feuillet de prise en charge de l’athlète avec son nom. Dans un coin, son numéro de dossard. Les filles sont déjà à l’œuvre pour la course Elites Femmes.
Voilà la dernière course, celle des Elites hommes. Je me place avec mes petits camarades au bord la piste afin de repérer mon athlète. Six seront contrôlés ce jour-là, 3 « ciblés » et 3 au hasard. Première petite boucle, le peloton est compact, je n’ai rien vu ! Deuxième boucle, la moyenne, le peloton s’est étiré, les cadors devant. Le mien, c’est un cador ! Donc ça va être facile de le repérer. Euh, encore rien vu, j’attends le retour des coureurs sur le deuxième moyenne boucle quand on vient m’avertir que mon athlète a abandonné sur blessure! Oups ! Peu importe, même s’il a abandonné, je dois lui signifier le contrôle. Je galope vers les tentes des clubs. Si certaines affichent le nom du club, la plupart est sans indication. Me voilà à l’entrée des tentes demandant si c’est celle du club de mon athlète…. j’ai dû en faire plus de vingt avant de tomber sur la bonne. Monsieur untel est-il là ? Non, il s’est blessé, il vient de repartir. Ah ! Cependant, on m’indique quelqu’un à une vingtaine de mètres. Je le rattrape, lui demande son identité. Il s’agit bien de mon athlète. Je lui indique alors qu’à partir de cet instant, il fait l’objet d’un contrôle antidopage. Sur le feuillet, j’indique l’heure et il impose sa signature. Je lui remets le dernier feuillet de la liasse. Je m’assure qu’il a une pièce d’identité sur lui. Il ne manifeste aucune contrariété. Il souhaite simplement rejoindre son épouse venu en spectatrice. Je les ramène a à la salle d’accueil. Madame restera dans le hall, au chaud. Je m’assure qu’elle n’a besoin de rien.
Je le conduis dans la salle d’accueil des athlètes qui est bien remplie avec les trois féminines, les cinq autres garçons et leurs escortes. De l’eau en petites bouteilles scellées est à leur disposition. Je remets au délégué la liasse du procès-verbal. Des escortes accompagnent des athlètes pour les podiums, d’autres pour aller chercher une pièce d’identité. L’ambiance un peu tendue au début va se décontracter au fur et à mesure car aucun de ces athlètes n’a envie d’uriner ! L’attente commence. Les médecins conseillent de boire par petites gorgées mais pas plus de 0,50 cl à 1 l car il ne faut pas que l’urine soit trop diluée ! Donc, c’est une papote sympa qui s’installe avec ces athlètes qui sont des champions, les médecins, les délégués et nous. Ce sont les filles qui vont gagner au petit jeu du premier pipi. Les garçons prennent cela à la rigolade. On les emmène dans le couloir pour marcher un peu, prendre l’air dehors ! Patience. Nous leur demandons de temps en temps s’ils se sentent prêts. Il faut savoir que le médecin doit observer l’athlète en train d’uriner dans le flacon. Un nous dit que cela le gêne. Il préfèrerait se mettre complètement à poil et pisser tranquillou, mais se savoir observer en train de pisser… ! Cependant, un à un, ils vont pouvoir remplir leur flacon. A la sortie des wc, ils brandissent victorieux leur flacon faisant la nique à ceux qui sont toujours en attente du bon vouloir de leur vessie ! Le mien a terminé mais je dois attendre mon camarade de club qui n’en a pas fini avec le sien. Voilà, il est 18 h 30, soit près de 2 heures après l’arrivée de la course que les opérations se terminent. Les accompagnateurs qui attendaient leurs athlètes vont enfin pouvoir repartir, certains ont plus de 5 heures de route pour rentrer !
Pour moi et mes collègues de club, une longue journée mais une belle expérience acquise !
Mustang
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4 commentaires
Commentaire de philtraverses posté le 11-02-2017 à 07:39:16
Je ne savais pas que c'était aussi passionnant d'assurer le suivi d'un coureur jusqu'à ce qu'il urine dans le récipient prévu à cet effet. Mon point de vue a changé.
Quoi, tu n'étais pas chargé du suivi des coureuses féminines?. Schocked
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 11-02-2017 à 17:42:42
Le travail autour du sport est aussi essentiel qu'important. Je dois avouer que j'ai une certaine admiration pour ceux qui se dévouent ainsi pour que notre sport puisse exister.
Mais je ne te le dirai pas pour pas qu't'aies la grosse tête.
Commentaire de philkikou posté le 15-02-2017 à 07:04:59
contrôler un coureur qui a abandonné pas le plus facile... et si tu ne l'avais pas trouver, que ce serait-il passé ?... Pister un coureur, le prendre en filature, lui coller aux basques..
Commentaire de Philippe8474 posté le 10-05-2017 à 14:46:29
Merci de nous narrer cet aspect aussi de l'athlé, des courses .. et du bénévolat!
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