Par Mustang - 14-05-2011 21:25:32 - 6 commentaires
Les Douzes
Ce vendredi matin, de fin avril, le soleil commence à donner sur le causse Méjean. Hier soir, j’ai cherché sur la carte un petit parcours sympa à effectuer avec du dénivelé. A priori, cela ne va pas manquer si je descends, comme j’en ai l’intention, dans les gorges de la Jonte ! Il me reste à trouver ce parcours avec le moins de route possible. Une lecture attentive de la carte me permet donc de trouver un itinéraire qui me semble bien sympathique au départ de Hyelzas où je séjourne.
Hyelzas est un petit hameau au bord sud du causse, dominant la Jonte. Une ferme écomusée, une fromagerie, quelques belles demeures en font un attrait touristique outre son emplacement exceptionnel. Ce matin donc, le ciel est dégagé et donne une paysage une lumière agréable.
Je vais commencer par suivre le GR6. Cependant au bout de quelques centaines de mètres, le fléchage sur une gouttière m’indique d’obliquer à gauche alors qu’il me semblait normal de poursuivre tout droit. Discipliné, j’oblique à gauche mais voilà que mon portable sonne. C’est ma fille qui m’indique mon erreur ! Je devais aller tout droit ! Ce sont les voisins au courant de mes intentions (!!!) qui l’ont alertée. Merveilleux pays ! Mais je préfère continuer mon chemin et à la sortie du village, je vais remonter à travers un pré pour retrouver le GR. Voilà, je suis sur la bonne piste. J’adopte une petite allure sur ce bon chemin. La vue dégagée qui s’offre à moi, sur les gorges et les causses m’enchante particulièrement. Comment ne pas être serein en contemplant un tel paysage. Je poursuis tranquillement.
Le chemin oblique vers le Nord à l’entrée d’un bois de résineux. Puis je quitte le bon chemin en traversant une barrière horizontale à mouton pour emprunter une sente à travers le pré bordant le bois.
Puis j’oblique à l’ouest en pénétrant dans le bois tout en descendant dans un vallon. La végétation exhale des senteurs agréables. Des oiseaux font entendre leur chant. Quel privilège d’être là !
Arrivé au fond du vallon, la piste remonte le versant opposé. Celui-ci, exposé au soleil, est couvert par des feuillus. Je rejoins la route qui conduit au Maynial, au fond des gorges. Je la traverse pour poursuivre sur un chemin qui mène au hameau des Bastides. A l’entrée, pas d’ambiguïté sur le propriétaire de la première demeure. Un pavillon de l’Union Jack orne le mur. Je traverse ce paisible hameau, les maisons y sont solides avec leurs murs de pierres et leurs toits de lauzes.
A sa sortie, la sente surplombe le ravin des Bastides par le versant sud. D’anciennes terrasses indiquent qu’autrefois l’homme s’est évertué à tirer un maigre profit de cette terre que la nature a reconquise.
Maintenant, je quitte le GR pour redescendre vers le sud par un large chemin empierré. Je retrouve la route pour quelques mètres. En principe, selon ma carte que je consulte, il doit avoir un chemin sur ma gauche en contrebas de la route. Voilà, après quelques mètres sur le goudron, je trouve l’amorce du chemin qui descend vers le vallon ombragé. Le panneau qui l’indique n’est pas de la première fraîcheur !
Maintenant, je cours au fond du vallon, le sentier est souple. Mon allure est toujours modérée, j’aurai bien le temps de forcer tout à l’heure lorsqu’il s’agira de remonter sur le plateau. Alors, autant profiter de ce moment privilégié. Comment ne pas se sentir bien dans un tel milieu ! Voilà, j’arrive maintenant à un embranchement. A gauche, vers les Douzes, à droite vers la chapelle de St-Gervais. Allez, va pour un peu de spiritualité. J’arrive sur un éperon qui domine la rivière. Pas d’appréhension pour me pencher dans le vide !
J’arrive à l’entrée du site fermé par une grille. J’ôte la chaîne et pénètre sur le site sacré. Quelques ruines, une grotte. En léger contrebas, j’aperçois la chapelle et son cimetière. Je n’irai pas jusque là. Mes hôtes m’ont indiqué que des gens se faisaient toujours enterrer dans ce petit cimetière. Je verrai tout à l’heure que d’y hisser une cercueil depuis le bas n’est pas une mince affaire pour les porteurs ! Je reprends mon parcours interrompu. A partir de là, le chemin est en lacets serrés afin de perdre le plus rapidement de l’altitude. La descente est très ludique, je fais cependant attention à ma pose de pieds sur ce sentier empierré.
Je croise des randonneurs, un peu étonnés de me croiser là, courant comme un chevreuil auquel ils me comparent ! Voilà, j’arrive tout en bas au hameau des Douzes, en bordure de la Jonte.
Je prends le temps de me reposer un peu et de bien m’hydrater avant d’entreprendre la remontée ! Tout à d’abord, ce sera sur la route de Meyrueis sur un peu plus d’un km en pente douce. Certes, ce n’est pas le Colorado mais ces gorges demeurent très impressionnantes. En contrebas, la Jonte s’écoule paisiblement. Des promeneurs m’encouragent dans ma remontée ! Je guette le chemin sur la gauche. A priori, il sera discret ! Effectivement, après une légère courbe, je l’aperçois.
Ouh, ça va être rude ! Un peu plus de 1 km de grimpée avec une pente à près de 18%. Bon, je suis venu là pour ça ! J’ai bien l’intention de grimper en petites foulées. Aussi, je m’y emploie ! Très rapidement, je m’élève et rencontre des randonneurs qui me souhaitent bon courage !
J’arrive à tenir en courant, enfin, façon de parler. Enfin, la pente s’adoucit à l’entrée des Combes de Marty. La piste s’élargit. Voilà, je suis à 2 km de Hyelzas.
Je profite au maximum du paysage en me retournant !
J’aperçois bientôt les toits des premières maisons du hameau.
Encore un lacet et j’arrive bien content d’avoir couru cette superbe balade.Voilà près de 11 km en moins d'1h30 pour près de 610m de D+ dont 460m sur les 4 derniers km. Ce n'est pas glorieux mais ce n'est pas si mal que ça!
Par Mustang - 04-05-2011 23:33:53 - 8 commentaires
dédicace aux aventuriers du Bout de la Drôme du 14 mai prochain
Ce jour pascal, nous sommes au centre de la Pangée! Qui l'eut cru! Pourtant un panneau l'atteste.
Cela dit, les apparences sont trompeuses, il suffit de se retourner: une formidable muraille nous défie. Un dénivelé de 800 m nous attend, à gravir en moins de 7 km. Bah, nous en avons bien vu d'autres. Le chemin particulièrement raide se glisse sous les buis.
Cela peut paraître ingrat mais la récompense viendra.
Sur la plaine, le ciel se dégage mais les nuages s'accrochent sur les sommets. Personne d'autres que nous. Impression étrange. Je suis mon guide. En arrière, Mireille peine un peu à suivre notre rythme.
Soudain, le ciel se déchire, l'horizon se dégage. Nous avons atteint le plateau maintenant, les pentes se font plus douces à gravir. Des pelouses rases alternent avec le maquis. Nous cheminons vers le sud. Je lève les yeux...
la forme au loin me semble familière, trop familière? Je me suis arrêté. Mon guide en a profité pour prendre de la distance.
Des points rouges maculent de place en place des cailloux. Puis de la rubalise défraîchie jalonne un tracé ancien. Il est là, dominant la plaine de Valence.
Le pylone! Au loin la forme familière s'affirme. C'était en 2008! La Laveuse, Thunder et sa gouaille, Monsterstruck et Taz, Maria, les Trois Becs. Une vraie histoire. Nous y attendions mon guide. Le Lutin était également de la partie. Depuis le midi, nous avions vu les aventuriers gravir les pentes démentielles de la Laveuse. Vers 17h, il s'est enfin présenté au pied de la muraille. Nous l'avons accompagné jusqu'au col. Comme il paraissait facile, c'en était impressionnant. Moi qui étais venu que pour le semi du lendemain, ce 100 km me donnait envie. Deux ans auparavant, j'avais accompli le tour du Mont-Blanc. L'ambiance que j'avais rencontrée à Crest m'avait particulièrement enchanté. Crest, Saillans, j'y étais déjà venu en 1980 après un périple en Norvège pour y trouver soleil et chaleur. Alors, banco pour le 100! Deux semaines après, ma vie basculait!
Pourtant ce 100, je l'ai fait comme je me l'étais promis l'année suivante en 2009. Certes, des problèmes d'alimentation et d'hydratation, la maladie de Lyme que j'avais contractée sans le savoir encore, n'ont pas rendu glorieux cette épopée, cependant j'en garde un souvenir troublant. Il est vrai que j'espérais secrètement y refermer le cercle ouvert l'année précédente, fermer une parenthèse douloureuse. Non, alors autant avancer. Et j'avance! Nous contournons le pylone.
Le décor est identique. A cet endroit, je cheminais en compagnie de Xavhië. Une photo de nous deux fut prise là et servit d'illustration dans une revue trail!
Nous continuons sur la crête. Les Trois Becs nous accompagnent. Formidable défi!
Le ciel semble menaçant à l'instar de la forme rocheuse, non, ce moment est trop beau.
Des flèches rouges marquent la piste. Cependant, il nous faut la quitter afin de rejoindre notre point de départ. C'est une piste caillouteuse bien pentue qui nous ramène au pied de la barre rocheuse. Les fleurs y sont généreuses dans leur diversité et leurs couleurs.
Le Pylone demeure.
Alors peu importe le chemin pourvu qu'il nous emmène ailleurs.