KikouBlog de Mustang - Mai 2017
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L'homme assis sur un banc

Par Mustang - 18-05-2017 18:07:47 - 13 commentaires

L’homme assis sur  un  banc

Ce vendredi, la  lutinmobile file sur  l’A11 en direction de  Dourdan.  Je suis  passager avant. La discussion est animée au sujet de ce qui  nous attend demain, sur  le Champ de Mars. Les  occasions d’être  passager d’une voiture sont rares  pour  moi, aussi,  je  profite de ce moment  privilégier pour  observer  le  paysage, de saisir  parfois des visions enchanteresses  qui  pourraient cependant  paraître à bien d’autres anodines. Je  me repais de ces  moments fugaces. Je suis dans  l’instant.  Je vis  l’instant  pleinement, sans retenue. Pas de retour vers  le  passé,  le  présent uniquement, le futur  à peine effleuré. C’est la construction  mentale que  j’ai établie avec  l’aide de  mon psy pour combattre  mon ennemi intérieur. Donc,  je  n’ai aucune appréhension  pour ce qui  m’attend demain.

Certes, cette  nouvelle édition de  la NFL in Paris  est  un nouveau défi que  je  m’impose. j’ai  participé  à l’édition de  l’an dernier et  j’en  garde  une  impression énorme  même si  la  nuit fut rendue difficile  par  le froid. Cela  peut  paraître troublant d’aimer courir en rond sur  un circuit  de 1,3 km tout au  long de  24 heures,  mais  je trouve ce rythme cadencé attractif, voire fascinant, procurant un réel vertigo. C’est ce sentiment que  j’ai ressenti, de  manière plus intense bien que plus bref lors de mes tours de cour dans  la  centrale  pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe pour  le Téléthon. Et puis,  j’adore courir  la  nuit !

L’an dernier,  j’avais  une bonne forme  mais  la stratégie de course avait été désastreuse. Là, comme  je vais courir « seul », je vais  pouvoir  m’assumer et respecter  le  plan que je  me suis fixé : 50 à 55 min  d’effort,  5 à 10 min de repos. Je  pars  dans  l’inconnu, et avec  un avis  médical défavorable.  Je suis en  pleine cure de chimiothérapie, mon oncologue  m’a  mis en garde sur  les risques que  j’encourais  pour  mes reins et  mon foie, avec  notamment  une chute du taux de  globules rouges et blancs. Cependant,  les effets délétères de  la chimio que  l’on m’avait annoncés  ne sont  pas  là, sauf  la  perte de cheveux ! J’ai couru, voilà  trois semaines un  petit  trail particulièrement technique et tout s’est très bien  passé. Mais là,  il s’agit d’autre chose ! J’ai un  peu d’appréhension. Il va faire chaud et  je crains  la déshydratation. J’ai amené avec  moi des bouteilles de St-Yorre pour  pallier  mes  pertes  hydriques. Outre  le ravitaillement de  l’organisation, cela va-t-il suffire ?

Après  une soirée sympathique dans  une  pizzéria de Dourdan et  une  nuit calme, c’est  un réveil vers  6h30. Ma tenue sera simple,  un short court et  le  maillot, le buff et  la casquette  aux couleurs de Kikouroù. J’ai  prévu une grosse valise avec  nombres de  t-shirts, shorts et vestes de  pluie au cas où la  météo annoncée se révélerait exacte. Il  n’en sera rien ! J’ai  mon duvet et  un  matelas car nous  ne disposerons  pas de  lit de camp dans  la tente des Kikous, contrairement  à l’an dernier ! Et mes Bolino !

Il  n’est  pas  9 h quand  nous arrivons Place Joffre, en face de  l’Ecole Militaire. François,  notre chauffeur  ne  prend  pas de risque et se  gare sur  le  parking attenant,  à moins de  20 m de  l’entrée. Le retour  n’en sera  que  plus aisé dans  un  peu  plus de  24 heures ! La disposition  générale est restée  la  même, seul l’emplacement des tentes dédiées  a été  modifié, ainsi celles destinées au repos des coureurs est  à l’opposé de  l’an dernier. Je  passe  le contrôle d’entrée. La  préposée  me demande d’ouvrir  ma grande valise : devant  l’ampleur d’une éventuelle fouille, elle se contentera de  me demander si  j’ai de  l’alcool ! Et non ! Je retire  mon dossard des  24 h. Nous sommes  103 inscrits contre les  39 de  l’an dernier. Je file  poser  mon sac dans  la tente de Kikouroù signalée  par sa célèbre  bannière. Elle est bien triste cette tente : quelques sacs entassés dans  un coin,  3 chaises et  une table avec des restes alimentaires,  une bouteille d’alcool vide – le contrôle  n’a pas été strict ! – et  quelques bouteilles de bière. Personne  n’y touchera durant ces  24 h à venir; il faut dire que  ces bières sont  loin d’être  à température idéale  pour  les  consommer ! Je fais connaissance ensuite avec  les toilettes sèches qui vont rebuter  pas  mal de  participant(e)s ! Ensuite, nous nous retrouvons sur  l’esplanade aménagée. Des  petites  tables et des chaises de  jardin sous des  parasols  font face  à la  grande scène. L’écran géant est situé  à l’entrée, bien visible  pour suivre  la  progression des coureurs en direct. C’est  une disposition bien sympa ! Nous retrouvons Katia,  ma traileuse au  long cours du club à qui  j’ai imposé  la semaine dernière  un  400 m pour  le  premier tour des Interclubs. Namtar  nous rejoint ! Dans  l’attente du départ, nous regardons  passer une foule  en  mouvement  particulièrement  hétéroclite : des coureurs rapides, des  marcheurs,  des  jeunes, des  moins  jeunes, des  kikous ; la flamme  kikou passe  à toute allure ! A quelques  minutes des  10 h, l’organisateur nous rassemble et  nous donne des consignes. A vrai dire,  il  n’y a pas  grand-chose à dire,  il suffit de tourner !


Je  ne ressens aucune appréhension, fini ce stress intense qui  me saisissait autrefois au départ des courses,  juste  une exaltation de  bon aloi ! 10 h,  un coup de feu  nous  libère. D’emblée,  je  prends  mon allure à 8 - 8,5km/h. Je n’y dérogerai  pas tant que  je courrai.  je fais  comprendre  à Katia qui  veut  m’accompagner qu’elle a  mieux à faire que de suivre ce rythme  lent qui  lui  ne convient  pas. Nous sommes  nombreux sur cette  large allée qui nous conduit vers  l’esplanade de  la tour Eiffel. Et de cette foule en  mouvement, émane  un sentiment de bonheur et de  joie. C’est  une évidence  pour  moi, c’est ce que  j’en  perçois, c’en est agréablement surprenant. Je retrouve avec amusement  les  passages en  pavés pour  l’instant  anodins  mais je sais que,  bien avant  le terme des  24 heures,  ils seront de  plus en  plus  pénibles  à franchir.  Je débouche sur  le trottoir  bordant  l’avenue Joseph Bouvard il  n’a pas été refait depuis  l’an dernier ! Il a gardé ses  mêmes  imperfections. Les cars  déversent  leurs cohortes de touristes. Puis c’est  le sas de contrôle. Je suis attentif au signal sonore des détecteurs mais  nous sommes tellement  nombreux  à cet instant qu’il  m’est  impossible de savoir si  ma  puce fonctionne  bien. Aussitôt après, sur  ma droite,  je remarque  un  homme assis à l’extrémité d’un banc,  une énorme valise  posée debout à ses côtés. Il regarde droit devant  lui.  Ce  n’est  pas  un touriste. Il attend.

A  l’extrémité du trottoir,  nous reprenons  l’allée après avoir contourné les  plots. Il me semble que cette allée est  légèrement descendante. Là-bas,  un peu de rubalise et  nous  pénétrons dans  l’enceinte. Là encore, trop de  monde,  mon  nom ne s’affiche  pas sur  l’écran. Ce sera qu’bout de  3 ou 4 tours qu’il apparaîtra enfin. Mais avec  mon GPS,  je verrai qu’il me manquera  2 deux tours ! Voilà ce  premier tour achevé. Il  ne reste  plus qu’à se  laisser  porter ! Nous  nous saluons entre  kikous. Je blague avec d’autres. Certains viennent  à mes côtés  pour  prendre de  mes  nouvelles ou pour  m’encourager, ce que  ne  manquera  pas de faire tout au  long de ces  24 h, Steph particulièrement. Bientôt  1 heure de course,  je vais  à la tente boire ma St-Yorre. Certes,  j’aurais  pu  mettre  mon eau dans  la tente de ravitaillement mais  je  préfère aller tranquillement en  marchant, cela  me  procure  une bonne  récup dans  le calme. Les tours s’enchaînent. Beaucoup de  monde, des enfants, les  joëlettes. Dans  l’après-midi,  les touristes sont toujours aussi nombreux sur  l’esplanade.  Je regarde, amusé, ceux qui  prennent  la  pose en écartant  les bras comme s’ils tenaient la tour entre  leurs mains devant  l’objectif du  photographe.  Ils sont assaillis  par  les vendeurs  à la sauvette de tours Eiffel  de  pacotille et de foulards  imprimés des  monuments de Paris. L’homme est toujours assis  à l’extrémité de son banc. Il  n’a pas  bougé.  Seul  humain immobile dans cet endroit si  animé. Cette  immobilité  interpelle. Je  ne croiserai  jamais son regard. Il est  là à fixer je ne sais quoi,  à attendre  un futur qui  ne viendra peut-être pas. Pas  besoin d’être grand clerc pour reconnaître en lui  un réfugié clandestin.

L’après-midi s’écoule tranquillement. Je  m’arrête comme  prévu toutes  les  50 min. Je  me restaure  au ravitaillement des  24 heures,  l’offre est  plus chiche que  l’an dernier. Mais ce sont  les  mêmes  bénévoles que  l’an dernier, elles  ont gardé  leur chaleur à regonfler  le  moral d’un coureur défaillant.  Vers  le  milieu de  l’après-midi, alors que  je  pénètre  à nouveau dans  l’enceinte,  j’entends  mon  prénom.  Quelqu’un  m’interpelle. Je  ne reconnais  pas  cette voix à l’accent  prononcée du Sud. Je  m’arrête cependant et  j’aperçois trois  jeunes vêtus du  maillot bleu de Siemens venir vers  moi. J’ai tout de suite compris.  Il s’agit des  jeunes collègues de  mon fils qui  bossent  pour cette entreprise  à Lyon.  Ils savaient que  j’étais  là et  guettaient  mon nom sur  le  tableau d’affichage. Je suis  particulièrement ému  par cette rencontre aussi  inattendue que  chaleureuse. Oui,  je suis bien  le  papa de Romain, oui, il me ressemble ! Bien sûr, nous nous empressons de faire  une  photo souvenir qu’ils vont adresser  à mon fils qui en sera tout étonné.  Nous échangeons quelques  instants. Ils sont  là depuis vendredi. Siemens est  le sponsor principal de  la NFL. Aussi, cette  entreprise  a  invité tous ses employés  à  participer  à cet événement. Mon fils a décliné  l’invitation ; récent  papa, il a de quoi s’occuper ! Je retrouverai David et Anne sur  le  parcours où nous ferons ensemble  un tour en  marchant. Je ne sais  pas vraiment  pourquoi,  mais cette rencontre m’a  procuré  une  joie  intense.


La fin de  journée approche. Tout va  bien. Je  ne ressens aucune fatigue  malgré  la chaleur. J’ai bu énormément. J’ai transpiré énormément, surtout de  la tête. J’en suis  à ma quatrième casquette, une UFO ! Malgré cette transpiration intense,  je  pisse ;  mes  urines sont de couleur  normale ce qui  me  rassure sur  l’état de  mes reins. Au ravitaillement,  je  mange des  bananes, des Tucs,  des morceaux de  gâteaux, du saucisson quand  il y en a. Il  y a de  l’eau gazeuse et du coca chaud  light ! Je vais chercher  mes  pâtes Bolino. De  l’eau chaude et  je vais  m’assoir sous  un  parasol en attendant qu’elles soient  prêtes.  Pas de  gastronomie mais  un bon  moment. J’allonge  mes  jambes  pour  les détendre. Je regarde  passer la foule bigarrée, quel spectacle. Le spectacle est aussi sur scène  où des  groupes  musicaux se succèdent. Je reprends  ma course toujours  au  même rythme. De  l’autre côté,  je suis  interpellé  par  un  jeune qui  me demande si  je fais le  marathon de Paris. Non,  je  participe  à un  24 h. Il  me  jette alors  un regard du type «  oh, celle-là,  on  me  la fait  pas ! ». Je  lui  montre alors mon dossard  où est mentionné  le  « 24h » et  lui indique qu’il  me reste encore  15 heures de course. Je  le  laisse dans son  état d’incrédulité totale ! L’homme  n’a  pas  bougé. Il est  là,  immuable. J’ai  honte de  mon  indifférence. Comme  j’ai  honte à la vue de ces vendeurs africains de tours Eiffel, c’est tout ce que  notre société  a  à leur proposer…

Avec  la venue du soir,  la température fraichie légèrement. Je  vais enfiler un t-shirt  manches  longues. Les  kilomètres s’accumulent. Les rangs des coureurs commencent  à s’éclaircir. Je croise régulièrement Le Lutin et sa Josette dans  leur  nordique  marche. De  même notre monitrice Annick qui affiche un enthousiasme  non dissimulé ! Namtar que  j’ai vu  lentement faiblir   a jeté  l’éponge. François  me confie qu’il a  un coup de  mou. Caro caracole !!! Le  jeune Vik à la foule aérienne  poursuit sa course torse nu ! Avec  la  nuit, le  public sur  l’esplanade change. Ce  ne sont  plus  les touristes mais bientôt  les fêtards de tout poil qui animent  le trottoir.  Mais  l’homme est toujours assis sur son banc. Je  passe  les  80 km  vers  minuit. Cela  m’ouvre des  perspectives. J’envisage  alors un 100 km, ça serait vraiment  inespéré  pour  ne  pas dire  incroyable ! J’alterne désormais  marche et course. J’ai  pris  un  blouson  léger. Il  me suffira  pour  la  nuit. Nous sommes  loin de  la  nuit glaciale de  l’an dernier.

Le  peloton s’est considérablement étiolé. Cela a  l’avantage alors de  pouvoir mieux discuter avec des  participants, connus  ou  inconnus.  Ainsi,  je  peux  prendre  le temps de discuter avec Mickey49, avec Steph.  J’accompagne  un coureur du  24 h qui  me semble en déshérence. Il souffre d’un  mal de ventre tenace. Je  lui conseille de  marquer  une  longue  pose. Il  le fera,  je  le retrouverai  assis  sur  une chaise de  jardin. Il  n’a rien  pour se  protéger du froid. Je  ne reverrai  plus  par  la suite.  Un coureur a embarqué son  petit chien dans cette aventure circadienne. Il a  prévu un sac  banane  pour  le transporter !  Le  Bagnard  promène son boulet dans  une  poussette. Il devait  être dans  les  1 ou 2 heures du  matin quand  une  personne d’un certain âge, bien de sa  personne,  m’aborde  et  me demande le  pourquoi de  notre  présence. Et c’est en cheminant sur quelques dizaines de  mètres que  je  lui explique  le  principe de  la NFL, son but caritatif. Je  l’invite  à revenir avec ses enfants  ou  petits-enfants faire quelques tours  pour  la  bonne cause. Cependant, quand  je  lui ai expliqué que  je courais  pour  le Samusocial de Paris, elle  n’a  pu s’empêcher d’esquisser  une  moue dubitative !

La  nuit continue, je  me sens  bien, pas de fatigue,  pas de ressenti de sommeil. L’homme a quitté son banc ! Oh,  il  n’est  pas  parti,  il s’est simplement allongé sur  un banc  plus en retrait  pour dormir, sa valise  à sa  tête.

Je suis étonné de voir des Joëlettes au  milieu de  la  nuit avec  leurs équipages enthousiastes ! Tout comme  je suis étonné de voir  des rats filer entre  nos  jambes dans  l’allée ! Ce  milieu de  la  nuit est  pour  moi l’instant  le  plus décalé,  le  plus  improbable que  l’on  peut ressentir dans ce type d’événement. A  un  moment, des bénévoles assis sur  les chaises devant  la scène acclament  par  les coureurs en scandant  leur  prénom qu’ils  ont  lu  sur  l’écran !   Je  prends  des cafés avec des tranches de saucisson assis  à la terrasse en regardant  passer  les coureurs. Un régal ! J’y retrouve  à plusieurs reprises  mes compagnons d’Ecouvie. Les  heures  passent. Le ravito  propose parfois des  moments surprenants. Ainsi,  j’aurais  pu déguster au  milieu de  la  nuit des Paris-Brest. Je  n’ai voulu tenter cette aventure,  je  pense que  j’aurais été  moins ferme avec  moi concernant  les éclairs au chocolat qui  me sont  passés sous le  nez.  Par contre  la soupe, bien que  nécessaire, est d’un salé ! Il  n’est  pas encore  5 h que  les oiseaux commencent  leurs raffuts. J’ai passé  les 100 km. J’entrevois alors  l’inimaginable,  la  barre des  120 km. Je  m’embrouille dans le compte  les tours qui  me restent  à  parcourir si  bien  que  je vais me contenter d’avancer et de regarder  ma  progression sur  l’écran. Le  jour se  lève. Une agitation fébrile règne sur  le secteur,  non  pas dûe  à notre  présence mais  par des  préparatifs de festivités. Du côté de  l’Ecole Militaire, ce sont des grandes  manœuvres  pour mettre en  places des  podiums, des  barnums, des oriflammes pour  une fête  qui va rassembler  la communauté juive de  la capitale. De  l’autre côté, ce sont  les services  municipaux qui s’activent  pour retirer  les  barrières qui  protégeaient  les  gazons du Champ de Mars,  pour  vider les  poubelles et ramasser toutes les  ordures  laissées par  les fêtards de  la  nuit, ceci en prévision de  la visite des  officiels du CIO. L’homme est revenu sur son banc. Je  l’ai vu dialoguer avec quelqu’un.


Bientôt  8 h,  j’ai vu  ma  marque sur  l’écran,  l’appétit vient en marchant. Le  120 est  jouable. Cependant,  il faut que  j’accélère  mon rythme. Je vais  à la tente  pour  me changer  une dernière fois et  me oindre  les  pieds. Tout  à l’heure,  j’ai eu  les doigts qui  ont gonflé. J’ai trop  bu ! Pendant  une demi-heure, tout en  marchant,  je vais masser  mes doigts afin de faire disparaitre cet  œdème.  J’avance,  les autres aussi. Steph a  lâché  prise sachant sa  marque  à 220 km  inatteignable. Le  Bagnard a troqué son  boulet pour  un petit chien dans sa  poussette, Vik au  pied léger  poursuit sa course rapide. Katia a  son  150 km en vue ! L’exaltation  m’envahit.  Dans  la dernière  heure, je suis dans  la dernière  heure. J’ai  une  marge de  plus de  20 min  pour boucler  mes  120 km. Confortable ! Si  bien que  je  me  mets  à l’abri quand  la  première  pluie s’abat sur  la course. Je repars en  prenant  ma marque en bois pour  un dernier tour. Je serre dans  ma  main ce ridicule  morceau de bois avec émotion. Dernier tour accompli, bientôt  10 h. Je continue  pour quelques centaines de  mètres dans  l’attente du coup de  pistolet. Et à ce son  libérateur,  je ressens à  nouveau ce sentiment d’immense  plénitude que  j’avais éprouvé  l’an dernier. Juste  pour ça,  pour ce défi,  pour cette  lutte avec  mon ennemi intérieur,  pour ces  immenses  moments de vie. Merci à tous ceux qui  m’ont encouragé,  pour ces  moments de  partage.

Pendant tout ce temps, un  homme est assis sur  un banc*.

 

 

*Mickey49 nous apprendra  par  la suite qu’il a  pris  un bus avec  un groupe  pour  une destination  inconnue

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