Par Mustang - 04-12-2012 17:23:50 - 13 commentaires
Il pleut.
Il pleut. Je gare la voiture au Vignage. Je retrouve ma forêt après trois mois d’absence. Je suis seul. J’ai un peu d’appréhension à me lancer. Je pars en petites foulées sur la route sur quelques centaines de mètres avant d’obliquer sur la droite pour traverser la Briante sur une passerelle et attaquer la pente. Je monte sans forcer mais j’ai le souffle un peu court. Il y a mieux comme échauffement que cette montée ! J’atteins la sommière qui redescend en larges virages vers le val. La pluie redouble, c’est une pluie froide, épaisse, une pluie de décembre, quoi ! J’oblique ensuite à droite par une autre sommière qui me conduit au Buisson au Chat. Je suis à l’écoute de mon corps, ma respiration s’est calmée et a pris son rythme. Mes jambes ont l’air de bien aller, pas de séquelles des blessures récentes, une grosse pensée pour ma kiné ! J'ai une petite allure sur cette sommière plate, mon corps est bridé, mes toubibs m'ont dit que c’est le prix à payer ! Mon esprit ne l’a pas encore accepté. Certes, on ne peut pas être et avoir été, mais cet « être » là me désole, je sais, je manque d’humilité. La pluie redouble. Paradoxalement, je commence à être bien. Pourtant, les difficultés arrivent avec une montée de 3 km vers Médavy. Pour une reprise, je n’ai pas choisi le plus facile. Allez, c’est parti ; d’abord la pente est faible et l’état du chemin est correct jusqu’aux lacets. Là, ça se gâte. Le débardage a bien labouré le terrain. Tour à tour, je tente des options pour progresser, tantôt au centre du chemin, tantôt sur les côtés. Mes Cabrakan achetées le matin même accrochent bien dans cette boue argileuse. Mon esprit s’est apaisé au contact de la forêt et s’est ouvert à cet environnement végétal que d’aucun pourrait qualifier de triste alors qu’il est magnifique dans sa nudité. Je traverse la route pour poursuivre ma montée mais un peu plus loin, j’aperçois le tracteur de débardage en train de manipuler les grumes pour les empiler. J’effectue un détour à travers la forêt afin d’éviter ces empilements qui me paraissent redoutables. Je reprends le chemin largement labourés par les roues épaisses du tracteur. Je n’ai pas d’autres choix que de courir dans ce marécage argileux. Je suis surpris d’avoir cependant de bons appuis, je m’en amuse même. Au fur à mesure que je monte, la pluie se transforme en neige ! Je parviens à la sapinière sombre où se glisse un sentier étroit au tapis si moelleux que la progression s’effectue dans une sorte d’apesanteur troublante. Voilà, j’arrive au char que la neige a pris pour chapelle. Je reste quelques minutes pour profiter de cet instant sous la neige.
Je n’ai plus qu’à redescendre ! Rien que du plaisir malgré le terrain, dans une allure facilitée par la pente ! Vers la fin du parcours, le ciel se fait plus serein. Voilà même le soleil qui apparaît, les gouttes d’eau accrochées aux branches étincellent, donnant ainsi à la forêt un avant-goût de Noël. Je rejoins le Vignage au terme d’une balade d’un peu plus de 12 km. Je suis bien.