Par Mustang - 12-10-2017 10:22:25 - 8 commentaires
Mon club d'athlé dont je suis le président, est co-organisateur avec le Conseil Départemental de l'Orne d'une épreuve à allure libre pour les femmes dans le cadre d'octobre rose, pour la prévention et le dépistage du cancer du sein. Ce dimanche 8 octobre après-midi, c'étaient près de 3500 féminines qui s'étaient rassemblées sur le campus universitaire de Montfoulon-Damigny. Bien sûr, comme officiel, je devais prendre la parole pour un message convenu.
Cependant, après les paroles de remerciement, j'ai continué mon intervention avec le message suivant :
Avant de lancer le départ de cette manifestation sportive caritative, je vais, pour quelques minutes, demander votre attention afin de transmettre un message. Ce message, il est pour votre mari, votre compagnon, votre père, vos frères, vos fils, enfin tous les hommes de votre entourage. Vous êtes ici dans le cadre de la prévention et du dépistage du cancer du sein. Je vais vous parler du cancer de la prostate pour le quel pas grand-chose n’est fait en matière de dépistage.
Comme le cancer du sein atteint la femme dans sa féminité, le cancer de la prostate atteint l’homme dans sa virilité, outre le fait qu’il soit un cancer.
Non, ce n’est pas un cancer qui ne touche que les vieux messieurs ; des hommes jeunes, de 50 ans, de 40 ans en sont atteints !
Non, ce n’est pas un cancer anodin. Chaque année, près de 71 000 nouveaux cas sont détectés. 9 000 hommes décèdent chaque année de ce cancer, soit 25 par jour. C’est le premier cancer qui atteint l’homme en France avant celui du poumon !
Les campagnes de dépistage contre le cancer du sein dont l’Orne a été un des précurseurs ont montré leur efficacité. Il n’y a pas de vraie campagne de dépistage du cancer de la prostate alors qu’une simple prise de sang pourrait donner des indications utiles pour ce dépistage dès 50 ans !
Aussi mesdames, dites-le à votre mari, votre compagnon, votre père, vos frères, vos fils, tous les hommes de votre entourage qu’une prise de sang dès 50 ans peut éviter bien des drames.
Dites-le leur !
Pour des informations sur ce cancer, voir ce site : www.anamacap.fr
Par Mustang - 26-08-2017 23:10:56 - 3 commentaires
Destin
Ce samedi de fin août, c’est la reprise au niveau des courses locales. Certes, ce sont des courses au saucisson mais ô combien sympathiques. Le tendon toujours en délicatesse, je me contenterai d’assurer un reportage photos pour www.normandiecourseapied.com pour lequel je suis photographe bénévole. Donc, direction Vignats, aux confins de l’Orne et du Calvados pour couvrir les Foulées de la grotte à Jules. Voilà bien un nom qui vous transporte ! Le Lutin que j’avais entrainé dans ce lieu improbable y a raconté un récit à sa façon ! Mon épouse m’accompagne ; elle aussi adore les ambiances de course !
Arrivé 15 min avant le départ, je me renseigne sur le sens de cette course de 10,3 km en 2 boucles sans difficultés sauf un méchant trou qu’il faut remonter. Depuis que je connais cette course en tant que coureur, il y fait toujours très chaud. Aujourd’hui, la température est de 25°, c’est raisonnable mais il fait lourd comme on dit par chez moi. Je me dirige vers l’entrée du seul chemin que les coureurs emprunteront, chemin orienté pour avoir le soleil dans le dos comme il se doit ! Un bénévole est à l’entrée du chemin. Je lui demande la permission de me garer un peu plus loin en lui expliquant ma venue. De suite, il me précise que lui, qui a fait l’Indochine et le djebel, on lui demande de mettre sa voiture en travers de la route pour faire barrage à toute tentative d’attentat ! Ici, en pleine cambrousse ! Je lui explique que pour moi aussi, organisateur de 3 courses à venir à Alençon, la préfecture nous demande la même chose, camions pour sécuriser les points de rassemblements et véhicules des bénévoles pour barrer les rues d’Alençon ! Mais ici, dans la plaine de Falaise, la guerre, c’était en 1944, pas en 2017 !
Je gare la voiture en bordure de route et nous revenons vers lui. C’est un vieux monsieur mais bien alerte et l’œil pétillant. Il a 85 ans ! Il a revêtu comme se doit tout signaleur la chasuble jaune. Il a envie de parler. Nous avons du temps pour discuter. De suite, il nous parle de son épouse, de 9 ans plus jeune, atteinte de la maladie d’Alzheimer ! Il nous précise qu’elle a « une poche » depuis l’âge de 61 ans. Il l’a laissé seule ; il habite non loin d’ici. Elle n’aime pas la compagnie. « De toute façon, si elle a besoin de lui, elle sait où il est ! C’est comme ça ! ». Nous lui demandons s’il a des aides pour les tâches matérielles, lui indiquons que des associations prennent pour une journée ces patients pour permettre au conjoint d’avoir du temps à lui. « « Pfutt, non, elle n’aime pas les inconnus, elle préfère rester seule ! ». A priori, elle reçoit cependant quelques visites par semaine. Nous n’en saurons pas plus. C’est alors qu’il nous parle du destin qui les a frappés sans ménagement. Leur fille est morte à l’âge de 8 mois et c’est « elle » qui l’a ramenée à la maison, nous précise-t-il. Leur fils s’est suicidé à l’âge de 19 ans pour dépression. Nous sommes atterrés. Et il continue en nous annonçant que son frère et sa sœur sont morts d’un cancer. « C’est comme ça, la vie ! ». Que dire après cela ?
Nous nous éloignons sur le chemin poussiéreux vers le spot que j’ai repéré. Préparer mon appareil photo et les réglages oblitère ce que je viens d’entendre. Il fait beau sans trop de chaleur. Une légère brise parcours la plaine. Je me poste non loin d’une haie bordant un herbage où paissent quelques vaches. La lumière est bonne, la perspective dégagée par le chemin et la haie vont donner du sens aux photos que je vais prendre. D’ici quelques minutes, les coureurs ne vont pas tarder. Pendant plus d’une heure, je vais les photographier. Plus de 1000 clichés et ce n’est qu’une petite course ! Ce soir, à la maison, je vais les trier. Ce n’est que sur l’écran de l’ordinateur que je verrai pour nombre d’entre eux, sur leur visage, la souffrance de l’effort, saisie en gros plan.
A la fin, nous retournons vers notre voiture. Le vieux monsieur nous a attendus pour nous dire au revoir. Il sourit, il a passé un bon moment. Il sourit !
Par Mustang - 04-05-2015 17:39:08 - 7 commentaires
A quelques jours des Interclubs - rencontre classante d'athlétisme entre tous les clubs de la région sur deux tours -, je ne résiste pas au grand plaisir de vous proposer le superbe texte qu' a écrit mon vice-président pour le blog du club l'A3Alençon
L'enjeu pour nous est de rester en National 3 .
"Le paradoxe de la condition humaine, c'est qu'on ne peut devenir soi-même que sous l'influence des autres." Boris Cyrulnik.
Nous voici à quelques jours d'un des plus grands moments du calendrier de la FFA : les interclubs !
Les 9 et 23 mai, notre cher club alençonnais va affronter les meilleurs clubs de la Basse-Normandie pour conserver sa place en Nationale 3.Que le challenge est beau !
Nous, athlètes, petits et grands, jeunes et moins jeunes, allons donner le meilleur de nous-mêmes pour porter l'A3 Alençon sur le toit du département et pourquoi pas aux meilleures places régionales.
Source d'engagement et d'épanouissement personnel, la pratique de l'athlétisme est aujourd'hui au cœur d'un processus réel d'inclusion sociale. Que l'on soit pauvre ou riche, blanc ou noir, du centre ville ou des quartiers sensibles, nous nous retrouvons régulièrement ensemble sur la piste, solidaires les uns des autres.
Les meilleurs d'entre nous seront sans doute à la fête et, poussés par tout un club, vont se transformer en champions inégalés.
Et comme tout le monde est à la fête, tous les autres athlètes vont ouvrir leur boîte à courage et s'arracher le cœur pour dépasser leurs limites. Quel moment unique de partage !
A l'heure de la solidarité et des actions citoyennes, les interclubs d’athlétisme sont l'exemple parfait de ce que le sport peut apporter de plus beau à la vie collective : être une ressource pour chacun, dans sa différence !
Soyons rapides. Lançons loin. Sautons haut. Et transformons-nous en une impressionnante vague collective qui réussit et dont le destin banal peut - l'espace d'un instant - devenir extraordinaire !
Sébastien Marchal, vice-président de l'A3Alençon
Par Mustang - 19-04-2015 20:20:39 - 9 commentaires
Ainsi passe la gloire du monde......
Ce dimanche 19 avril, vers 16h, nous venons de quitter Alençon, sur la route du Mans, pour aller visiter le prieuré de Vivoin (!).
A la sortie d'Alençon, et dans les villages traversés, la foule est nombreuse sur le bas-côté. Les bistrotiers ont sorti les tables.
Qué passa ?
Rien ou si peu ! Simplement, la foule s'est massée pour voir passer les motos de ceux qui ont assisté aux 24 h du Mans moto !
Jeunes, vieux, enfants, assemblés pour voir le spectacle dérisoire de motards passant sur la route .
!
Désolé pour la qualité des images !
En 2008, à la même date de ces 24 h motos, j'avais, avec des amis, participé au relais UFO Ultra Méga Toff qui reliait Monaco à Monaco après tout en un périple en Europe en courant ( en favuer d'une association caritative pour les enfants) voir ICI . Nous avions pris le départ à minuit à Sées après le relais de GGO pour rejoindre la Bazoge au nord du Mans, après un périple nocturne de 75 km bouclé en 8 h !
J'avais écrit un article avec photo pour le grand quotidien régional Ouest-France afin que notre périple soit conté ! Macache, nada ! Ouest-France avait préféré faire un long article sur ce public assis en bord de route pour voir passer les motos de retour des 24 h du Mans !
Bien sûr, j'avais félicité le rédacteur en chef pour la qualité éditoriale du journal !
Sic transit gloria mundi !
Par Mustang - 14-04-2015 23:37:06 - 12 commentaires
Avril est là, le temps est superbe. Ce 6 avril, nous décidons d'aller à la mer. Nous atteignons Saint-Germain-le-Vieux que mon GPS a eu bien du mal a trouvé. En ce début d'après-midi, la mer s'est retirée. En vérité, cela fait bien longtemps qu'elle s'est retirée. La houle s'est faite terre.
Cependant, elle a laissé son empreinte. Le regard repère vite dans la tourbe les nombreux coquillages parmi le blé en herbe.
Le paysage est humble.
Des images simples... comme le bonheur !
Nous n'irons à la vraie mer que le jeudi suivant !
Vous gardez vos réflexions sur les verres de bière !
Le samedi, ce sera un meeting d'athlétisme à Coulaines. Sale temps mais beau stade. Les jeunes du club doutent pour leurs perfs à venir ! Je vais prêter main forte au concours de la perche. Robin, éminent kikou ultramarathonien mais néanmoins licencié FFA à Athlé72 me rejoint. On passe un bon moment.
Et dimanche, c'est direction Vire pour un reportage photos pour NCAP. Au programme un trail urbain. De Vire, je ne connais que l'andouille et le stade d'athlé ! Arrivé sur la place du château, je vais m'apercevoir assez vite que le parcours proposé est particulièrement engagé. Nous sommes sur un promontoire qui domine la rivière. La vallée est très encaissée. Ca va crapahuter dur sur les pentes ! Un parcours de 7,5 km et un autre de 15, soit deux boucles !
Beaucoup de lumière, trop même ! J'ai du mal à trouver un bon spot surtout que le circuit fait de sacrées boucles sur les pentes et je n'ai pas vraiment bien compris dans quel sens les coureurs allaient les parcourir. Mais ma Mireille me met dans le bon chemin !
Le soleil tourne, les arbres bien qu'encore dénudés font des ombres sur les visages. Nous changeons d'endroit. Après avoir traversés une friche industrielle, nous longeons la Vire. Oui, la Vire coule à Vire !
Assis sur le parapet, j'attends le retour de la deuxième boucle. Je suis distrait par une bergeronnette des ruisseaux.
Voilà les coureurs dans la deuxième boucle. Les jacinthes tapissent les parois rocheuses.
Plus de 1200 photos à trier. Ca se fera à la maison. Puis les réduire et les envoyer sur le serveur de Wilh en me connectant avec une liaison extranet.
En rejoignant la voiture, une enseigne attire notre regard. Pauvre Ché ! Bof, du côté de Cherbourg, il y a bien un pizza nommée MonaPizza !
Lundi 13... hum, pas terrible le 13. Retour au Mans pour une visite chez l'oncologue. Conversation détendue mais comme le crabe n'en fait qu'à sa tête - une tête de crabe (°°) -, on passe en phase II. Sympa, le premier traitement a tenu 6 mois. Celui-ci, associé au premier traitement, a un taux de réussite de 30%. Faut être joueur ! Allez, on se revoit dans un mois en passant par la case scanner. La phase III me pend au nez... En attendant la phase IV. Tiens, Phase IV, amis cinéphiles, ce titre ne vous dit rien ? Je garde un grand souvenir de ce film de 1974. Les plus curieux iront voir sa fiche ! Mais ce n'est pas assez gore pour le Lutin !
Mardi, c'est l'été ! Vite un détour par l'hôpital récupéré un scan... ah, oui j'ai des emmerdes ailleurs. glissons !
Midi, coup de fil de la Ligue. C'est officiel, je suis juge chef de sauts fédéral. J'en suis particulièrement fier !
Repas léger car c'est la guerre à la prise de poids. Puis un bon tour en vélo dans la campagne alençonnaise. J'ai prévu la plaine pour ne pas trop tirer sur la machine mais je me paie un côte bien relevée qui me fait exploser le coeur !
Les paysages sont si simples mais c'est cette simplicité qui les rend si attachants ! Le printemps est vraiment là. C'est la fête dans les fossés et les talus : ficaires, violettes, primevères, anémones, orchidées, scabieuse.
Même la courbure de la voie rapide m'enchante !
Après avoir traversé Bursard, je prends la route d'Essai. Ici, c'est le pays du cheval .
Essai, le berceau de ma famille ! Désormais, c'est plutôt son tombeau. Arrières-grands-parents, grands-parents, oncles, tantes, cousins sont sous le marbre du cimetière. Ca a un côté pratique à la Toussaint, on ne fait qu'un voyage pour fleurir les tombes.
Retour par la forêt de Bourse. La sève n'a pas encore atteint les bourgeons !
Sémallé, une piste d'entrainement pour les chevaux. Courbure parfaite de la piste.
Sur la gauche, là, derrière les maisons, vous ne le voyez pas, mais il y a un champ. Et sous ce champ, qui y a-t-il ? Une villa gallo-romaine. Comment je le sais? Voilà déjà un bon paquet d'années, j'étais venu avec mes élèves faire de la prospection de surface sous la conduite d'un archélogue. Sigilé, petits vases romains, vaisselles diverses, tégula. On y trouva même des silex taillés !
Retour à Alençon, je passe chez le Lutin mais celui-ci est en vadrouille. Tant pis, je prendrai mon verre d'eau à la maison, dans le jardin.
Ensuite tonte de la pelouse. Et que trouvé-je dans un coin du jardin? Une morille ! Si ce n'est pas un signe !
Et pour finir, un petit coup fil à mon petit-fils!
Voilà, ne garder que le meilleur et oublier le reste ! Quel beau mois d'avril ! Le semaine prochaine, envol en famille pour Cambrigde et Londres !
Par Mustang - 02-10-2014 14:18:47 - 13 commentaires
1962
2014
52 ans après, en ce début d'automne tout vibrant d'un soleil estival, je retournais à la Mer de Glace.
Certes, j'ai pris un coup de vieux, mais le glacier en a pris un sérieux aussi
Désolé, en dépit de ce qui se fait sur le web dans la même situation, je n'ai pas repris ma tenue de 1962... hum les sandalettes pourtant !!!
Par Mustang - 11-10-2013 23:01:38 - 9 commentaires
JOURNAL
Ce dimanche 18 mai 2008, je cours en forêt d’Ecouves avec les amis écouviens. Voilà une semaine, j’étais en Drôme à vivre ce mémorable week-end des aventuriers du trail orchestré par Jack. Les Trois Becs en demeureront à jamais l’emblématique symbole, comme l’apogée d’un parcours particulier. Je suis dans ma forêt avec les copains pour l’entrainement dominical, bonnes jambes mais je ne me sens pas bien. Quelque chose d’insidieux est en moi. Je n’en dis rien à mes compagnons. Le lundi matin, je me précipite chez mon toubib ; suite à la description de mes symptômes, je vois dans son regard ce à quoi m’en tenir. Le mercredi, quand j’ouvre le courrier du laboratoire, l’évidence qui apparaît dans ce que je lis m’envahit. C’est à ce moment-là que je suis mort, ce 21 mai 2008 vers 12 h15.
La suite fut un torrent violent qui m’emporta. Cependant, dans ces premiers instants, je dus faire bonne figure auprès des amis, que ce soit la semaine suivante, lors du trail d’Ecouves, avec les Kikous et les Célestes. Tout au long des 61 km que je courus, Sylvain m’accompagna. Ce fut un trail noir. Le corps et l’esprit en déroute. Quinze jours plus tard, c’était le trail des Naufragés sur Belle-Ile. Là encore, être là, avec les amis mais j’avais franchi une frontière. Je devenais autre.
Depuis, après l'intervention chirurgicale, il m’a fallu retrouver un corps différent, déficient, autre… l’accepter donc puisque l’essentiel était préservé ; préservé, oui, aux yeux des autres mais pas aux miens ! Trop d’orgueil, c’est certain ou d’intransigeance avec l’idée que je me fais de la vie. Alors, va pour les concessions mais jusqu’à quand ? C’est si facile pour les autres ! Mais leur amour est si fort, si puissant, est-ce lui qui doit me porter ? C’est cette vérité que je dois faire mienne.
Sauf mon toubib espagnol, les médecins spécialistes qui me suivent, bien sûr, ne s’impliquent pas dans mon vécu, se bornant que dans ma réalité clinique. Ainsi, comme ils ne m’écoutaient pas, j’ai du leur écrire une lettre pour exposer ma façon de voir les choses.
Le sursis fut bref, suspendu aux analyses qui révélèrent que le mal était toujours tapi au fond de moi. Radiothérapies vaines, puis un traitement médical qui n’avait pour objectif que de circonvenir les cellules tumorales mais aux effets secondaires désastreux. Ce fut le trou noir. J‘ai refusé par la suite ce traitement sachant parfaitement ce qui allait arriver. Alors, va pour le cyberknife à Tours ! En vérité, je dois dire que mon cancérologue a de la ressource, c’est son métier aussi, heureusement. A chaque fois, il distille l’espoir !
Je m’interdis d’espérer quoi que ce soit, apparemment peut-être, … mais au fond de moi ? Croire que… Comme l’autre jour, quand j’ai ouvert l’enveloppe du laboratoire… et bien, non, cette putain de courbe refuse de s’infléchir. Le dernier traitement de juillet à Tours n’aura sans doute servi à rien, un de plus ! Pourtant, avec les analyses des semaines à venir, quand j’ouvrirai les enveloppes, je crois qu’il y aura encore cette étincelle.
La seule chose que j’ai gagnée dans ce qui m’est arrivé, c’est l’exacerbation de mes sens. Tout ce que je perçois est transcendé, les camaïeux de la campagne, la courbe d’un champ sur fond d’azur, les cumulus dans le ciel d’été, le bruissement des feuilles de maïs dans la brise, le chant de l’alouette, l’odeur des feuillages du sous-bois que la sécheresse de l’été a avancé dans l’automne, la pluie battante en montant à Médavy. J’aime me retrouver seul dans mes pérégrinations à pied ou en vélo pour m’immerger dans la nature qui m’entoure, comme pour la boire, l’absorber au fond de moi. J’aime exercer mon corps dans cet univers, encore et encore. Mais je ne suis pas libre, simplement prisonnier de ce que je veux demeurer. Cette aliénation trouble mon jugement certainement. Ainsi quand je cours avec les amis, ne plus être à leur niveau me trouble profondément ! L’an dernier, suite à une déroute, je m’étais enfui ! J’ai tort. L’essentiel n’est pas là, l’essentiel n’est pas là, l’essentiel n’est pas là.
J’avance donc, au jour le jour, sans pouvoir me projeter. La succession des jours est bien là, je prends plaisir à les vivre pleinement auprès de mon épouse aimante, de mes enfants, de mes amis, même si je veux leur cacher mon désarroi. Je travaille dans le milieu associatif sportif avec toute mon énergie, j’y prends grand plaisir. Mon esprit y trouve-là un équilibre, d’autres diraient un dérivatif. Mais je sens-là que je contribue à quelque chose qui a de la valeur.
5 janvier 2014, les résultats, sans surprise,sont mauvais. En attente d'un tep scan à la choline à Chartres.
19 février, Chartres, c'est pire à ce à quoi je m'attendais. Plusieurs chaines ganglionnaires sont atteintes. Métastases également sur les os du bassin et sur les vertèbres lombaires. On a trop attendu !
En attendant, je m'occupe l'esprit avec les activités du club: les régionaux en salle à Mondeville puis je descends au Pontet avec des juniors pour les France cross. Françoise84 et Xhavier nous hébergent!!!
28 février: rendez-vous avec le toubib: rassurant, pas le feu au lac, va pour des injections tous les mois!
28 mars: les analyses sont très bonnes!!!
15 juin: Le traitement semble faire de l'effet. Cependant si "cliniquement" cela semble aller, je dois assumer des effets secondaires qui m'affaiblissent. J'ai l'esprit en déroute avec ce corps déficient. Le moral est parfois au plus bas. J'aimerais tant qu'on me pose cette simple question "Comment vas-tu?". J'ai l'impression que mes amis n'osent pas me poser cette question.
Ce matin, parti tranquillement en courant vers la forêt -j'ai pourtant beaucoup hésité- Une fois en forêt, je me suis senti à nouveau bien mais vraiment bien. retour par le bar de Raymonde où étaient les amis; comment vas-tu? Bien, vraiment bien.
18 mars 2015. Je reprends ce billet 9 mois après mon dernier message. Que dire ? Cette année 2014, comme d'hab, je m'étais lancé un pari fou, toujours par défi ! Un marathon ! celui de La Rochelle pour fêter mon passage en V3. J'aime bien les symboles ! Thierry, ami fidèle, va me coacher. Mais cet été 2014, je ne suis pas bien, très fatigué. je n'arrive pas à grand chose, un peu de vélo, un peu de footing. L'automne arrive et je n'ai quasiment rien fait. Je n'arrive pas à suivre le plan de Thierry, pas de motivation ! Cependant, la rentrée du club, la préparation des deux courses dont je suis co-organisateur, un imbroglio avec un coureur marocain du club vont m'entrainer dans un maëlstrom infernal. Plus le temps de penser. A la limite, c'est ce que je recherche, ne plus penser !
Le week-end Kikou à Sallanches va me faire le plus grand bien. J'arrive à me libérer l'esprit. la visite trimestriel chez le cancérologue -pardon- l'oncologue va me booster comme d'hab ! Bon, on va attaquer le plan d'entrainement sérieusement. Tu parles à 6 semaines du marathon. Thierry, après son propre défi sur les 100 bornes de Millau consacre ses dimanches à m'entrainer. 'tain, quel coach ! Dur, dur, mais je m'accroche mais 6 semaines d'entrainement ! En semaine, sur la piste je fais la qualité et autour de Damigny le footing renforcé. Ca va être à l'arrache !
Merde, les analyses sont mauvaises, le traitement fait moins d'effet. Effectivement, les métastases sur les os du bassin et sur la colonnes se font sentir ! Mais je veux La Rochelle ! J'ai la hargne ! le week-end d'avant le marathon, je vais un cross! La séance du lendemain dimanche, je la fais dans les chaussettes!
30 novembre -La Rochelle. Retour 14 ans en arrère, même lieu, mêmes acteurs. Je suis euphorique, confiant ! Notre hôte, 14 ans après... elle me dit que j'ai pas changé, elle non plus ! Je dors bien et ce fut le marathon. Francois nous a rejoint, plaisir de le savoir là ! Mon récit est là.
Rien à redire, ce fut inouï. J'ai tenu 30 bornes, Thierry s'attendait à me voir craquer avant. Ce marathon restera comme un de mes plus grands souvenirs de course, sans doute le dernier mais un des plus forts.
Les analyses suivantes sont encore plus mauvaises, j'ai de plus en plus mal. Par ailleurs, mon tendon droit étant dans un état déplorable, j'ai pris la décision de me faire opérer fin janvier : nettoyage du tendon, rectification du calcanéum. j'y vais la fleur au fusil; tout se passe bien. 6 semaines de plâtre !
Voilà, nous sommes le 18 mars: plus de plâtre depuis 7 jours, je marche ! mais tout doux !! Je ne sais pas quand je vais pouvoir trotter. Un peu de jardinage aujourdhui, il fait si beau ! Je fatigue vite. J'ai le moral ... En janvier, mon canc.. oncologue m'a engueulé car j'avais mauvais moral ! 'tain, ça m'a fait du bien. Il m'a boosté pour au moins 2 mois !
Entretemps, contacté par un organisme anglo-canadien, j'ai eu à m'exprimer sur ma situation de "cancéreux". D'abord par écrit sur 3 jours ! puis un oral de 2h (t'ain, avec les canadiens anglophones, traduction simultanée ....) et rémunéré... bien ! ça m'a permis de mettre à plat tout mon ressenti,vraiment une bonne thérapie...
Dans un mois je pars une semaine avec mes enfants en Angleterre.
Bon, ce 18 mars, je suis pas bien.. car je me suis encore mis dans une situation pas possible...
Hier je suis allé à l'entrainement du club.. le bien fou d'être avec nos jeunes du club
Bon dimanche, je serai à St-Brieuc pour un concours pour avoir la qualification juge fédéral, je te dis pas, tout ce qui faut ingurgiter comme règles.........
et la semaine suivant juge régional "marche athlétique" à St-Lô
Mon petit fils parle.. on se voit par skype. " salut papy" .. il est si loin à 800 km ! Ma fille cadette va se marier en juilllet 2016 ........... Quel bonheur !
vivre chaque instant......intensément ....
13 avril 2015
Côté tendon c'est pas terrible.. déçu.. je vois le chirurgien vendredi
Incidemment, l'ophtalmo vient de me trouver une autre merde; allez, zou, rendez-vous avec un ORL pour les sinus envahis par des polypes...
Pour le reste, visite chez l'oncologue ce jour. Sans surprise, les analyses ne sont pas bonnes. En plus des injections, il ajoute un traitement par corticoïde. 'tain, de la cortisone, bonjour la prise de poids, le visage bouffi et j'en passe et des meilleurs.
On se donne un mois pour voir si je réagis au traitement. Sinon, direction un autre spécialiste ppour mettre un plan "B" avec d'autres médicaments.
L'escalade médicamenteuse commence.
Et un autre scanner pour voir où en sont les métastases osseuses qui se font de plus en plus resentir au niveau du bassin !
J'ai pris un gros coup au moral.
Cependant, il fait beau. J'ai repris le vélo de route. Je me gave de sensations printannières.
Dans une semaine, direction Cambridge et Londres pour une petite semaine avec les enfants.
Au fait, j'ai eu mon examen ( excellent à l'écrit mais beau plantage à l'oral !). Je suis juge fédéral sauts !
Et puis, j'ai changé le titre de ce billet. C'est "journal" puisque finalement c'en est un ! Mais qui le lira ?
6 mai: excellent séjour à Cambridge
Nouvelles analyses, "ça" redescend ! On voit mardi prochain avec un scanner !
26 juillet 2015
deux mois superbes.....
Belle sortie en forêt de presque 2 heures ce jour ! j'étais bien ! Le tendon couine ... l'opération n'a guère amiéloré la situation..
Mon petit fils est est à la maison pour 10 jours ... quel sacré bonhomme !
Je sens l'amour de tout mon entourage pour moi...et l'amitié forte de tous mes amis. Mais je dois faire face à un gros coup de déprime. Je vais avoir 60 ans dans 10 jours. Je ne pensais atteindre cet âge ! Je suis assez désemparé. Finalement, je suis assez immature ! :))
Je n'ai pas connu mes grands parents, refus de la vieillesse de mon père. Donc pas de repère. je vais naviguer à vue mais j'entrevois des espaces immenses à découvrir.
Simplement, il faut que je me persuade que le mot futur a un sens pour moi !
Je suis libre jusqu'au 11 août date de ma prochaine analyse !
11 août: Après ces mois de liberté, c'est la redescente ! Mauvais résultat... A chaque fois, j'espère... la dernière analyse pouvait faire espérer que le traitement de la phase II était prometteur. Et bien non ! J'accuse le coup ! Tout l'après-midi, je me défonce à tailler toutes les haies du jardin, à nettoyer le jardin... en fin de journée, il est superbe. Vraiment. Cela me remplit de plénitude et me calme.
Je vois mon toubib jeudi. On va passer en phase III ... pour combien de temps? Ce qui me chagrine, c'est que je vais changer de spécialiste. En effect mon toubib actuel me l'avait annoncé si on passait en phase III, ce n'était plus de sa compétence. Nouveau traitement : j'ai lu qu'il était très efficace . Quels seront ses effets secondaires ? Il va tenir combien de temps...?
Ben, j'ai pas pu résister ! je suis allé voir les effets secondaires . C'est la cata ! Il va falloir que je fasse encore des concessions .. mais je sais qu'il y aura un point de non retour !
Jusqu'à quand ? 16 mois.
Jeudi 13 août 2015 : rv à la clinique; que ce fut long, 3 h 30 !!- pas de surprise, on change de protocole avec un traitement plus lourd et un nouveau toubib ! cerise sur le gâteau, j'ai donné mon accord pour l'essai d'une nouvelle molécule ( reste à savoir si j'aurai la molécule ou le placébo ).
Le toubib m'a parlé de courbe de Gauss... gaps, où me situe-je ?
Là, je suis tranquille pour 3 semaines avant d'entamer un sacré marathon d'examens début septembre.
Cependant, je suis un peu perturbé, je vais essayer de prendre le dessus, c'est pas gagné !
jeudi 8 octobre
Voilà un mois que je "teste" un nouveau traitement. Assez contraignant avec des horaires précis. Je suis également intégré dans un programme de recherche sur une nouvelle molécule, programme également contraignant. Tous les 15 jours au Mans pour des analyses.
Ce jour suis au Mans pour des "rencontres" animées par la Ligue contre le cancer. J'ai eu une prise de sang ce matin. J'attends les résultats. J'envoie un SMS pour que Mireille me les communique. Douche froide, c'est pas terrible du tout; ça continue à grimper; Merde. j'ai du choper le placébo avec le bol que j'ai ! J'essaie de surmonter ma désillusion mais c'est très difficile; Pris dans le maelstrom de l'organisation des Elles et de la Vétérane, mon esprit est bien occupé mais le côté sombre est là et me mine sournoisement.
Retour au Mans mardi prochain avec le nouveau toubib. Ca devient de plus en plus dur !
mercredi 14 octobre
Vu le toubib, pas le feu au lac ! Bon, on verra le mois prochain avec re-scan et re-scinti ! Plus les analyses de sang très contraignantes! Encore de longs moments à passer dans les murs de Jean Bernard ! Il faut que je cale mes déplacements et mes vacances par rapport à un protocole d'analyses qui me laisse très peu d'amplitude par rapport aux dates imposées. Déjà la prise de médocs à horaires précis !
L'autre jour, à la réunion de la Ligue sur les bienfaits du sport pour les cancéreux, Sébastien, quand je lui ai parlé de ma pratique, m'a mis en garde contre l'addiction au sport ! Faut savoir ! Je vais continuer comme avant, le toubib m'a dit que je savais ce que je faisais, et c'est tant mieux !
J'ai un petit moral.
Ce dernier entreprend une nouveau traitement mensuel: Firmagon 80mg + zytiga 250mg + Prednisone + JNJ ( essai thérapeutique en double aveugle). J’ai un suivi tous les 3 mois avec scinti et SCAN. Pendant ce traitement de 18 mois , le PSA ne marquera à aucun moment une baisse, il passe alors de 13,96 à 139,45 le 17/03/2017. Si les différents scans n’indiquent rien de spécial, la scinti monte une extension des métastases osseuses sur la sacro-illiaque droite et sur la branche ischiopubienne droite. J’ai repris une pratique sportive de manière soutenue.
Le Dr .... prend alors le décision d’arrêter le zytiga et le protocole thérapeutique pour passer à une chimiothérapie : docetaxel 140 mg avec 6 injections toutes les 3 semaines à compter du 07/04/2017
Je supporte très bien cette chimio. Cependant, le PSA après une baisse le 28/04/2017 à 111, 06, remonte à 123,49 le 19/05/2017 puis redescend à 99,16 le 09/06/2017 pour remonter à 106,7 le 30/06/2017. Le Dr Vogg juge la réponse à la chimio peu satisfaisante. Il prolonge la chimio avec 3 séances supplémentaires, la dernière ayant lieu le 04/10/2017. ( à noter, suite à la pose du porta-a-cath à droite en mars 2017, j’ai développé une trombose de la veine jugulaire gauche jusqu’au tronc inominé. Elle est en voie de résorption par un traitement quotidien avec l’Innohep que je m’injecte dans le ventre en sous-cutané!). Prescription de Cacit vit D 1000 mg/jour et injection mensuelle de Xgeva 120 mg.
La scinti effectuée le 31/10/2017 indique « On retrouve une fixation très hétérogène sur l’ensemble de l’aile iliaque droite qui redescend sur le cadre obturateur, avec toujours une importante hétérogénéité de fixation sur la partie de l’aile iliaque. Une tomographie a été pratiquée, elle retrouve l’hyperfixation hétérogène de l’aile iliaque droite avec des zones un peu moins fixantes mais non lytiques sur l’examen scanographique de fusion au niveau du bord supérieur de l’aile iliaque droite. Persistance de l’hyperfixation focalisée de l’aileron sacré gauche, et d’un foyer discrètement hyperfixant ponctiforme au niveau T6. L’aspect scintigraphique reste relativement comparable à celui d’août 2017.
Il n’apparaît pas de nouvelle localisation osseuse secondaire sur le reste du squelette. »
L’arrêt de la prescription du Prednisone a pour conséquence de révéler des douleurs articulaires importantes et une fatigue générale latente;
Cependant, ressentant des douleurs au niveau de la hanche droite, le docteur .... m’adresse au radiologue pour entamer une radiothérapie visant la crête iliaque droite et l’ischion droit. 10 séances de radiothérapie sont réalisées ( fin 15/11/2017).
Si la douleur à la hanche droite a disparu, il demeure une douleur discrète au niveau de l’ischion droit.
Je revois le Dr ... le 05/01/2018 pour un bilan. Le PSA est à 40,85 et l’Enolase est à 19,6 ( 16,9 le 30/10/2017.
J'ai dit adieu à la course à pied. Je continue cependant à effectuer quelques petits footings en forêt ou sur la route.
Courant février, des douleurs au niveau de l’ischion droit et de la hanche gauche se font sentir avec insistance. Je prends du Doliprane 1 g , 3 à 4 fois par jour pour atténuer ces douleurs.
Je revois l'oncologue avec un bilan sanguin scintigraphique et scanographique le 10 avril 2018.
Mercredi 4 avril, je fais la prise de sang. C’est pire à ce que je m’attendais. Le PSA est monté à 210, l’Enolase a monté aussi. Depuis 2 semaines, j’ai un souci sur la tempe gauche, une petite grosseur douloureuse. Aussi, le mardi, pour ma journée à la clinique, lors du scan, je demande à ce que l’on me radiographie la tête. Bien m’en pris. En attendant les résultats, c’est la scintigraphie. Mais même pas un extincteur pour me sauver, je dégringole. Les métastases ont envahi mon squelette : outre le bassin, c’est le fémur, les vertèbres, les côtes, le sternum, l’omoplate et le crâne. J’attend la visite chez l’oncologue. Il me confirme le mauvais bilan. En premier lieu, il faut traiter la tumeur osseuse qui se situe à la frontière de l’os frontal et de l’os pariétal. Elle appuie sur le cerveau ce qui me procure cette sensation de migraine permanente. Ce sera 10 séances de radiothérapie qui démarrent lundi 16 avril. Par ailleurs, le médecin me propose un essai thérapeutique des USA concernant un traitement génétique. Je ferai une prise de sang et si mes marqueurs correspondent « au cahier des charges », je rentrerai dans le protocole. Il me faut attendre un mois les résultats de cette analyse qui sera faite aux USA et en Suisse. Sinon, ce sera sans doute une nouvelle chimio. Il reste plus grand-chose en magasin pour combattre le cancer.
Mon moral s’est effondré.
Par Mustang - 13-06-2013 20:11:59 - 7 commentaires
Je veux bien être gentil mais là faut pas exagérer. J'arrive au col de Savi au-dessus de Vico, endroit superbe pour pique-niquer à l'ombre avec un panorama sublime. Eh bien, pas moyen la place était prise!
Ah les porcs !
Y en a même un qui a voulu que je le redescende en voiture:
Certainement pas!
D'ailleurs j'avais déjà refusé de prendre en stop les vaches même si elles la jouent fine avec leurs veaux!
Faut pas exagérer!
Par Mustang - 03-05-2013 23:06:07 - 9 commentaires
Dimanche, en principe c'est direction Radon pour la sortie écouvienne. Mais cette année, ce n'est plus que rarement que je me plie à ce rituel. Pour quelles raisons? Vacances, courses, autres... !
Depuis hier, je me pose la question, vais-je courir en forêt demain? La météo est bonne. J'hésite avec une sortie en VTT. Mon Scott est resté accroché tout cet hiver dans le garage, trop de boue en forêt! Mauvaise raison! L'autre Scott route a eu ma préférence. La promesse du printemps, enfin, m'incite à aller en forêt, mais pour cette fois j'irai à pied. J'ai très envie d'emprunter le chemin qui y conduit depuis mon village. Ce chemin, je le connais pas coeur et je subodore qu'avec le printemps retrouvé, il va m'enchanter. Aussi, ce matin, ma décision est prise, je pars de chez moi vers Ecouves.
Ce n'est pas aux aurores que je pars mais vers 9h30, le temps que la chaleur printannière commence à s'exercer. Je prends la sente du Milieu puis traverse mon village. Mon corps semble en accord avec moi pour cette fois. Faut dire que je le ménage maintenant. Les premières foulées à un rythme lent permettent de mettre aux muscles et aux tendons de s'échauffer sans brusquerie. Seul mon esprit est tendu, avide de capter toutes les sensations que me procure ma progression. J'atteins la campagne rapidement dont l'horizon est barré par le massif écouvien. Je suis agréablement surpris par mes sensations, visiblement mon corps me donne le feu vert.
Je traverse la départementale et emprunte le premier tronçon du chemin. Au loin, j'aperçois un coureur à pied. Ici, on se connait tous et j'ai vite fait d'identier celui qui progresse vers moi. C'est François. Un très grand ultramarathonien. Après une période de galère physique, il est revenu en bonne forme.. et il en profite. Nous nous arrêtons pour échanger sur nos projets respectifs. Ce court moment me permet pas de reprendre mon souffle à proprement parler - je ne suis pas essouflé- mais permet à mon corps de se mettre dans le tempo de la course! Je repars vaillant. La discussion a enflammé mon esprit de courses et de prouesses. Un virage , une voie à traverser et me voilà vraiment dans le chemin.
Les premières jacinthes et la cardamine des près s'y sont données rendez-vous. C'est un chemin de bocage, encore humide des pluies récentes, mais j'attends l'autre, celui ouvert sur la campagne, sur ces grands espaces que j'affectionne. Encore une route à traverser et j'y suis.
Non, rien de grandiose, la simplicité de la nature normande. Un pré, un merisier dans une exubérance blanche.
Un chemin tout simplement. Dans le ciel, l'alouette s'égosille avec ses trilles en volant sur place avant de plonger vers le sol.
Je continue ma progression. le chemin à découvert retrouve ses haies protectrices. La forêt se fait plus proche.
Un banc incite au repos. A vrai dire, je ne sais pas si un séant s'y est jamais posé mais l'idée de ce banc ici est réconfortante. C'est une invitation à la nonchalence.
Le chemin débouche sur une ondulation de la terre. Quelque soit la saison, j'ai toujours été fasciné par cette perspective dénudée, comme la perfection d'un jardin japonais.
Je retrouve la route qui me conduit dans un faubourg de Radon. Puis c'est la montée vers la lisière en petites foulées. Je suis bien.
Je me retourne pour apprécier le paysage. La campagne est légèrement embrumée mais sa vue est bien apaisante.
Je continue ma progression en forêt par un chemin relevé.
L'air est tranquille. Je suis seul. Je traverse le carrefour du chêne à la taverne pour pénétrer dans une sapinière. Verticalité des fûts jaillissant d'un tapis de mousse.
J'oblique vers la gauche par une sente humide qui s'élève ensuite vers une hétraie. Seul le chant des oiseaux de la forêt m'accompagne. Cela me suffit. J'ai l'esprit en paix.
Je traverse le chemin de la messe pour emprunter une longue sente. Les hêtres commencent à se réveiller et tendent leurs jeunes pousses vertes. Ma foulée s'alège. Mon esprit également. C'est dans une sorte d'apesanteur grisante que je progresse. Il y avait bien longtemps que je n'avais été dans de telles dispositions. c'est très troublant et jouissif à la fois. Une sentiment d'éternité m'envahit...
Mais il faut bien rentrer. Je retrouve la route qui conduit à Médavy, empruntée il y a 15 jours par des milliers de coureurs. Une pensée pour Alexandre pour qui c'étaient les dernières foulées de sa jeune vie.
Mais je ne reste pas trop longtemps sur cette route et oblique aux Ragotières à droite vers un chemin boueux, largement boueux! C'est un petit moment ludique! puis à gauche pour une longue ligne droite bocagère. Je débouche en plein champ . A ma droite, la butte Chaumont. A nouveau une route. J'hésite. Je rentre par Colombiers par la route ou la voie romaine. Je sais ce chemin particulièrement boueux et défoncé par les cavaliers. Va pour la boue! Ne pas se prendre la tête, ce n'est que de la boue; Après cet épisode fangeux, je reprends ma foulée régulière, toujours aussi bien! Voilà la voie romaine.
Toujours émouvant de songer à ceux qui m'ont précédé en ces lieux voilà près de 2000 ans!
Bientôt le clocher de mon village émerge au-dessus du colza à la floraison entêtante.
Il est bientôt midi quand je boucle ce périple de plus de 21 km dont chaque instant a été une plénitude.
Il est des moments magiques comme celui-ci, pourtant ô combien banal. Va savoir! Je connais la réponse.