Par Mustang - 02-11-2010 08:48:08 - 4 commentaires
L’archipel du K
A la sortie de Saint-Laurent du Pape, je prends à droite une petite rue montante. Sur l’indication de K, j’arrête la voiture à mi-pente et me gare à gauche en avant d’un parapet. Il pleut. Il pleut depuis ce matin sans discontinuer. Cependant la pluie est moins drue. Mais elle a tendu un voile gris sur toute la région. Le ciel est très bas dans cette vallée étroite de l’Eyrieux. Je pense revêtir une veste légère mais la température qui demeure douce ne m’y incite pas. Je partirai seulement avec un t-shirt, des manchettes et un petit débardeur technique en dessous. K lui aussi part léger.
Nous nous élançons dans la descente puis au carrefour nous obliquons à droite. Nous avons 400 m environ à parcourir le long de la route. La circulation est telle qu’elle nous incite à courir l’un derrière l’autre sur l’étroit bas-côté de la chaussée. Voilà, virage à droite et les choses sérieuses commencent de suite dans une ruelle en pente. Nous passons devant quelques maisons de caractères qui suscitent l’admiration de K, moi itou ! Encore quelques centaines de mètres sur le goudron puis nous prenons sur la gauche un chemin qui s’enfonce dans la végétation où le chêne vert domine. La pente pour l’instant est modeste, dans les 5%. K assure le train. Je le suis sans problème. Notre rythme oscille pour l’instant entre 6mn15/km et 6mm30/km, ce qui est honorable. Je me sens bien, pas de douleur !! Pourtant dans la semaine, j’ai été en délicatesse avec le tendon d’Achille droit lors de mes trois entraînements à Montpellier. La pluie se fait discrète. Au contact l’un de l’autre nous arrivons encore à discuter un peu, c’est bon signe pour le souffle ! Nous continuons à remonter un vallon. Le chemin devient de plus en plus caillouteux. Quelques points rouges parsèment le sol : ce sont des arbouses qui, trop mûres, sont tombées à terre. La pente se relève et passe à près de 11% à partir du 2e km du parcours. Nous nous trouvons au fond d’un vallon étroit. La lumière est grise comme le ciel. Soudain, un éclair de lumière sur le sol : c’est une belle salamandre noire et jaune perchée sur un gros caillou. Elle est à son affaire sous la pluie fine.
Bientôt nous émergeons du vallon pour atteindre une ligne de crête que nous franchissons pour continuer sur l’autre versant. La pente est parfois très relevée et nous incite par moment à marcher. Entre le 3e et 4e km, le pourcentage est de 14,3 %. La pente sur laquelle nous cheminons est plus large. K a pris de l’avance sur moi, cependant il prend le temps de m’attendre et m’invite à regarder le panorama. Le relief est tourmenté, la forêt de chênes verts recouvre quasiment toutes les pentes. Nous poursuivons notre ascension. La végétation arbustive devient de plus en plus maigrichonne pour laisser place à un maigre couvert herbeux. Mes sensations de course sont bonnes. Je prends un réel plaisir à suivre mon compagnon. Nous atteignons une ferme. Celle-ci est occupée pourtant l’environnement est bien ingrat. Seul le pacage de moutons semble être son activité.
A partir de là, nous empruntons une piste certes large mais très ravinée par endroit. Au détour d’un coude très prononcé que fait le chemin, nous apercevons 4 puissants 4x4 qui descendent très lentement la piste. A notre vue, le conducteur du premier engin stoppe et avertit par radio ses suivants. Nous les remontons un à un en échangeant des saluts. Puis K quitte la piste et grimpe dans la pente très caillouteuse en direction des ruines qui couronnent le sommet. Un vrai cabri ! Il me distance largement. Je longe les murailles ruinées du château de Pierregourde puis j’atteins enfin le tertre sommital de ce piton rocheux à 565 m d’altitude, après 5,2 km de course atteint en un peu moins de 43 mn pour 448 m de dénivelé. Ce lieu m’est familier. Voilà plus de deux ans et demi que j’y étais venu lors d’une balade avec le Lutin, sa Josette et mon épouse, c’était juste avant que tout soit autre. La vue est aussi tout autre, cependant K et moi la contemplons avec avidité. Les nuages ont comblé les vallées, seules les crêtes de ces monts ardéchois émergent, telles des îles sur une mer grise et tourmentée. C’est un archipel qui s’offre à nos yeux. Même la large vallée du Rhône et les monts de la Drôme, à l’Est, ont disparu, absorbés par la grisaille qui s’écoule lentement de l’Ouest. K et moi échangeons des considérations sur ce que nous voyons. Le lieu est particulièrement calme et serein, contrastant particulièrement avec les vagues fougueuses de nuages qui montent en silence à l’assaut des crêtes sans pouvoir les atteindre. Cette vision est saisissante.
Un vent aigrelet nous arrache à notre contemplation de cet archipel ardéchois. Nous commençons à avoir froid dans nos maillots détrempés. Mon compagnon m’indique la piste par laquelle nous allons redescendre. Le voilà parti dans la pente, je m’élance à sa suite. Prudemment d’abord à cause de quelques escarpements rocheux et d’une pente forte extrêmement ravinée. Je rejoins enfin K sur la piste qu’ont empruntée les 4x4. Les quelques minutes de repos au sommet m’ont requinqué. La piste maintenant est large et offre peu d’aspérité ! Nous en profitons. Notre rythme de course dans cette descente sans être soutenu est correct. J’ai de bonnes jambes et c’est avec un vrai plaisir que je cours au côté de K. Nous avons tôt fait de revenir sur les 4x4. D’abord le dernier qui descend très prudemment une partie assez accidentée puis les 3 autres à l’arrêt, attendant leur compagnon. Nous continuons à descendre rapidement, tantôt l’un derrière l’autre, tantôt côte à côte. Puis, peu avant le 9e km, mon compagnon quitte la piste pour m’entraîner dans un single-track particulièrement tourmenté et technique ! Il faut beaucoup d’agilité pour le dévaler mais l’entraînement du traileur est là. Nous prenons beaucoup de plaisir à dévaler cette méchante piste !
Nous débouchons soudain sur un large chemin qui conduit au village. Nous remontons légèrement en passant devant les premières maisons puis un virage à droite nous conduit vers le bas de la rue où est garée la voiture. Nous avons mis un peu moins de 26 mn pour dégringoler du sommet. Nous ne nous attardons pas et grimpons dans mon véhicule. Un bon moment partagé. Un vrai sentiment de plénitude m’envahit.
Désolé, je n'avais pas pris mon appareil photo!! Reste l'imagination....
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4 commentaires
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 02-11-2010 à 17:39:07
Moi, j'avais gardé les photos depuis deux ans et demi. J'ai juste rajouté des nuages et de la pluie et ainsi j'étais avec vous. Comme d'habitude, j'ai descendu plus vite que toi mais tu ne m'as pas vu... lui non plus. Avec le temps, je deviens transparent.
J'espère que tu as pensé à saluer le K de ma part.
Commentaire de mesyes posté le 02-11-2010 à 18:46:48
C'est le K way of life ...
Commentaire de Françoise 84 posté le 05-11-2010 à 11:44:59
Je n'avais pas fait la relation...! Le décryptage devient ardu sur Kikourou... Belle sortie, dommage qu'il ait fait un peu frisquet!!
Commentaire de Pegase posté le 05-11-2010 à 18:35:08
Tiens, ça me fait penser que je n'ai pas eu de nouvelles du K depuis fin juillet. M'en vais en prendre ;-)
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