Par Mustang - 20-02-2011 18:38:03 - 7 commentaires
Un samedi ordinaire
Après un coucher tardif vers 1h30 du matin, suite à une soirée entre amis, je rejoins Eric à 9h00 chez lui ce samedi. Je lui propose de l’emmener à Champfrémont. On charge les gamelles et les bottes dans ma voiture. Les gamelles, c’est pour le vin chaud à l’issue du cross de Champfrémont, le dernier de la saison FSGT. Normalement, il aurait du se passer début décembre - pendant la Saintélyon ! - mais la neige a dissuadé les organisateurs si bien qu’il a été reporté ce samedi, 19 février. Le dernier des huit au programme de la saison FSGT 61 ; hum, la fréquentation va être réduite, la plupart ayant rempli son contrat, c’est-à-dire 5 cross et la météo n’est guère riante !
Le brouillard a englouti le site de St-Anne adossé à la forêt de Multonne dans une masse cotonneuse. L’équipe de Champfrémont est déjà sur le pied de guerre. Echange de poignées de main général. Le grand chef, Claude alias le vieux cerf de Multonne est prêt, la débroussailleuse à la main. Des ordres sont donnés. Chacun est en bottes et vêtements de pluie. Eric et moi suivons Claude. Nous nous chargeons de piquets métalliques, en fait des fers à béton d’1m20 de long, et de deux sacs remplis de rubalise. Une équipe s’affaire sur le haut du champ, nous, nous allons baliser la partie dans les pommiers au niveau des étangs. La bonne humeur est de rigueur. Sur place, nous commençons à nous affairer. Claude, à défaut d’une masse, se saisit d’une grosse pierre pour enfoncer les fers. Eric et moi essayons de trouver dans les sacs des morceaux de rubalise de longueur conséquente ! Peine perdue, ce ne sont que de méchants bouts de différentes origines : Crédit Mutuel, Caisse d’Epargne, conseil général de la Mayenne ! Qu’à cela ne tienne, il n’y a qu’à faire des nœuds ! Cela nous fait bien rire ! Le balisage fait vraiment minable mais qu’importe ! Petit à petit, le tracé prend forme autour des mares remplis à ras bord, il monte par palier puis ce sera une grande descente vers l’étang principal. Mais auparavant, il faudra aux coureurs franchir un grand fossé. Nous entendons les autres équipes s’activer dans le brouillard. Claude donne un coup de débroussailleuse sur une zone envahie par la ronce. Puis nous remontons vers le haut du site. Nous vérifions l’exactitude du tracé et procédons à des correctifs pour le parcours féminin. Voilà, il est 11 heures, le brouillard est toujours aussi présent ! Il faudra des fumigènes pour ne pas se perdre ! Nous rentrons sur Alençon. Eric ne va courir tantôt, il va accompagner son fiston à un tournoi de basket pour une fois. Il m’offre un doigt de pommeau, pas plus, c’est que, moi, je cours !
Le temps a l’air de se lever. Il ne fait pas froid. Je me prépare en m’habillant léger : un running court, un débardeur Odlo sous le débardeur du club ASE-FSGT, ça devrait le faire ! Je repars vers la Mayenne vers 14h30. Contraste avec le matin, le temps s’est dégagé. Le parking est envahi par les voitures. Nous nous connaissons presque tous. Je suis obligé de me garer dans le bas ! Pour l’échauffement, je pars en trail. En remontant, je suis interpelé par Albin et Marc, deux minimes de mon autre club, le FFA. Ils ont un bon niveau mais aux Inters, sous les couleurs de l’Orne, ils n’ont pas pu faire le poids face aux bretons ! Je pars faire mon tour de chauffe avec Stéphane.
tour d'échauffement avec Stéphane alias Vomito ( photo de la Baronne)
Les sensations sont bonnes. Dans le bas du parcours, Wilh pour Normandiecourseapied est déjà pied d’œuvre pour son reportage photographique. La zone est bien humide, ça va bien patauger tout à l’heure ! J’ai encore du temps, je repars faire un tour partiel du circuit. Les féminines sont à la lutte mais le signaleur n’a pas fait son boulot ! Elles sont sur une partie du circuit masculin, elles en seront quitte pour un km de plus ! On ne va pas en faire une affaire d’état !
Bientôt 15h45, les hommes se rassemblent sur la zone de départ. Chacun discute dans la bonne humeur. Les VH2-VH3 du cross court se préparent. Bernard, le patron de la section cross du département se place devant et demande une minute de silence. C’est pour Claude ! Jeudi dernier, à l’A.G. de la FSGT, on m’avait dit qu’il était au plus mal. Claude, c’est l’ancien président de mon club qui portait autrefois le nom de C.S.A. à une époque où des licenciés du club alençonnais comme Montgermont et Brilland rivalisaient avec des Jean-Claude Nallet et des Guy Drut dans les années 70 ! Claude, je l’ai connu en janvier 1975 à Rochesson dans les Vosges ! J’étais jeune normalien de 20 ans et j’accompagnais une classe de Flers en classe de neige. Il y avait aussi une classe d’Argentan, avec Jacqueline, l’instit militante du PC et donc la classe d’Alençon de Claude. Ce fut trois semaines épatantes !
Les enfants sont couchés! soirée sympa: de gauche à droite, M Houaux (un artisan tisserand), Dominique (un copain normalien), Jacqueline et Claude! De dos, Odile, la patronne de la colo.
J'ai piqué le -beau- chapeau de Claude!
Le deuxième dimanche, Claude proposa aux normaliens de faire un petit footing. Pourquoi pas et cela m’évitait d’accompagner les gamins à la messe ! Bien sûr, je n’avais pas de tenue. Claude a eu vite fait de me trouver une paire de running -trop petites- et un short ! J’étais un peu en délicatesse avec le sport, surtout par rapport aux profs du lycée que j’avais eus que je jugeais particulièrement fascistes dans leur approche du sport ! Toujours est-il que nous voilà partis par monts et par vaux dans cette belle région vosgienne. J’aurais du me méfier ! Un footing de 20 bornes ! Je suis rentré en hypo et les ongles des gros orteils en triste état. Il faudra consulter un podologue à Epinal ! Mais j’ai terminé. Cette sortie reste un grand souvenir et m’a ouvert les yeux ! Merci Claude et salut !
C’est à notre tour de nous élancer. Je cours donc avec les seniors, les VH1 et les quelques VH2 qui ont fait le choix du cross long. Je pars en fond de peloton. Yannick est à mes côtés. Je suis un peu étonné. D’habitude, il caracole en tête. Certes, il relève de blessure qui l’a contraint à deux mois sans courir. Aujourd’hui c’est une reprise. Aussi, il a décidé de m’accompagner ! Et il est bavard, l’animal ! Euh, tenir la conversation en cross….
Le parcours de Champfrémont n’est pas évident mais il offre des zones de récup. Pour l’instant, on grimpe dans le champ qui longe la route puis ce sera une longue descente jusqu’aux étangs. Rapidement, les places de chacun s’équilibrent. C’est l’avantage de toujours courir avec les mêmes. Il n’y pas vraiment de surprise et j’ai vite fait de repérer ceux qui m’encadrent au classement ; le jeu maintenant va consister, soit à préserver sa place, soit à conquérir quelques places. Mais il faut d’abord que la machine chauffe un peu. Je me sens bien. Je n’ai pas forcé le week-end dernier au Glazig. Yannick me donne le train. Nous voilà tout en bas, nous allons remonter en pallier en contournant les mares dans la partie que nous avons balisée le matin. Je négocie bien mes montées et j’ai de bonnes relances sur les paliers pour commencer une lente remontée dans le classement. Mes pointes accrochent bien dans le terrain. Nous contournons le grand étang et nous entamons la longue remontée vers l’aire de départ.
Je devance Didier sous les encouragements d'Albin, de Marc ( hilare) et de Benoît
Photo de La Baronne
Les féminines qui en ont terminé, des copains venus en spectateurs, les minimes nous encouragent ! Bigre, voilà le premier tour bouclé et ça va !
J’ai passé ceux que je devance habituellement maintenant il va falloir lutter avec ceux qui ont le même niveau. Mon coach de luxe est toujours à mes côtés. Je me bats avec Didier et Gilles, nous nous passons à tour de rôle. Du côté des étangs, le terrain s’est très dégradé et ça patauge dans la boue ! Je tiens mon rythme, pas de douleurs, c’est tout bon. Yannick donne de petites accélérations qui m’incitent à le suivre. C’est déjà la longue remontée. Oh, qu’elle est longue ! Voilà le 3e tour, psychologiquement, c’est tout bon. Je pousse un grand cri pour libérer mes tensions ce qui étonne Yannick. La bagarre entre Didier, Gilles et moi fait rage ! Quelques autres en font les frais ! Les spectateurs ont commencé à remonter vers l’arrivée. Le bas du parcours est désert ! J’ai enfin réussi à devancer Didier et Gilles dans les paliers autour des mares. Maintenant, il va falloir conserver mon avance. Dur avec la longue remontée. Yannick est là et me rassure. Contrairement à mon habitude, je jette des coups d’œil derrière moi pour voir où en sont mes adversaires. La route à traverser, le chemin caillouteux puis l’allée montante qui précède l’arrivée. Tout le monde m’encourage. J’ai l’impression d’avoir Didier sur les talons ! J’ai encore de la ressource pour sprinter, du vrai bonheur ! Yannick grand seigneur s’efface devant moi. Voilà pour ce dernier cross de la saison. J’attends après la ligne pour saluer Didier et Gilles. Les minimes du club me chambrent à l'arrivée
Albin, Marc et Benoît
Je file me changer et remonte vers la grande salle pour mon chocolat chaud. Toutes les tables sont occupées par les gâteaux que chacun à apporter, du jus d’orange, d’autres boissons gazeuses, du café et même quelques bouteilles de vin. Le plaisir d’être ensemble ! Avec les copains, nous reparlons du Glazig et du désormais fameux incident sur le 36 km où les ¾ du peloton a pris involontairement un raccourci ! Maintenant, il est temps de rentrer. Demain matin, décrassage long en forêt ! Eric a promis du dénivelé pour les pompiers d’Ecouché qui viennent chercher un peu de difficulté.
Le profil du cross
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7 commentaires
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 21-02-2011 à 08:02:56
Tu viens d'écrire un de tes meilleurs CR à mon sens, plein de ressenti et de vie.
Evidemment, tu fais ton Kéké dès que je ne suis pas là ! Avec un Lutin au cul, t'aurais moins rigolé.
Merci pour cet hommage à Mr V.... qui fut un personnage important pour l'athlétisme alençonnais et qui fut le plus marquant directeur de mon école.
Ce fils d'immigré italien dut produire un certificat de nationalité française lorsqu'il prit sa retraite (je le tiens d'un collègue), le savais-tu ?
Ce genre de personnage, fils d'immigré devenu enseignant et animateur sportif fait la fierté de notre société.
Commentaire de francois 91410 posté le 21-02-2011 à 13:08:10
Un de tes plus longs et plus passionnants CR de cross à mon avis ! Merci, à bientôt
Commentaire de totoro posté le 21-02-2011 à 13:53:35
Sur toutes les photos où tu apparais, tu as un sourire superbe : la course à pied, c'est beau !
Commentaire de RogerRunner13 posté le 21-02-2011 à 15:22:57
C'était la remarque que je me faisais, alors que la plupart des coureurs de cross ont plutôt la tronche de l'effort (si tu voyais la mienne quand je cours ce genre d'épreuve!!!!!) toi tu as un sourire radieux (même pas mal quoi!!).
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 21-02-2011 à 18:29:27
Il sourit parce que je ne suis pas là !
Commentaire de 6rille posté le 21-02-2011 à 22:17:39
Bravo pour ta course Mustang ! On a pas dû courir sur le même circuit... je ne me souviens que la boue et des montées. Allez, on remet ça l'année prochaine !
Commentaire de mesyes posté le 23-02-2011 à 22:11:48
Avec le lutin au fesse cela met le "Lutin test in" on et dit comme cela c'est forcément moins drole !
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