Par Mustang - 22-07-2008 19:47:07 - 15 commentaires
A ciel ouvert
Lundi 14 juillet, 15h00.
Après m’être bien éclaté en VTT en forêt ce matin pendant 2h30, direction Le Mans. Je conduis, Mireille est à mes côtés. Nous y voilà : Clinique d’accouchement du Tertre Rouge.
Euh ! Quoi ? Mince, on est tombé dans une faille temporelle : nous sommes en 1984 ou peut-être en 1988 quand je conduisais Mireille à cette même clinique pour y accoucher de nos deux derniers. Je regarde Mireille, on s’est fait un petit quatrième pour nos vieux jours ? Non, pas de gros ventre, pas de contraction ! Ah ! En lisant plus attentivement le panneau, il est écrit en-dessous urologie. Ça, c’est pour moi !
Après une petite attente à l’accueil, une infirmière nous conduit à mes appartements. Je prends possession de mon studio loué pour la semaine : un bon 20 m2 avec une très spacieuse salle d’eau et un grand placard. Question déco, c’est sobre, Valérie Lamidot n’est pas encore passée par là : les murs sont blancs, seule une petite reproduction égaie un mur. Le mobilier bleu pas terrible est fonctionnel, ce n’est pas top design ! Cependant, la vue sur un bois de pins se donne un petit côté landais.
Ce n’est pas tout ça, les choses sérieuses commencent. L’infirmière revient avec un tube de crème dépilatoire. Elle se propose d’officier à la tâche. Mince, Mireille est encore là. Certes, l’infirmière est gironde mais je n’ai pas le choix, c’est ma légitime qui s’y colle ! Connaissant mon anatomie, et prudente, elle commande un deuxième tube au cas où ! C’est qu’il s’agit de faire place net de la poitrine jusqu’aux genoux. Je me mets en tenue dans la salle d’eau, c’est-à-dire à poil !! Ouarf ! Elle est bonne ! Non ? Ma tendre m’enduit généreusement le corps. Le moment n’est pas à la gaudriole mais on s’amuse bien ! Ensuite, c’est à coups de racloir en plastique qu’on décape. Le résultat est …net ! Bon, les festivités continuent. C’est qu’ils savent recevoir là-bas ! Ce n’est pas encore l’heure de l’apéro mais une autre infirmière revient en brandissant deux bonnes bouteilles. Ce n’est pas pour trinquer et ce n’est que pour moi : « vous devez boire ces 2 litres » me dit-elle ! Je regarde les deux bouteilles remplies en plastique : 1,5 + 1,5 = 3. Je lui fais donc observer pédagogiquement parlant que c’est plutôt 3 l ! Elle me répond comme un adjudant qui ne veut pas le savoir. « Faut tout boire, monsieur ! » J’attends cependant avant d’attaquer ma boisson purgative. Puis, c’est le départ de Mireille.
En même temps que j’ai commencé un mauvais livre, Chili con carne , j’attaque ma boisson. 19h, c’est l’heure du repas. L’estomac déjà plein de liquide, je chipote dans mon plateau. De toute façon, j’ai déjà commencé les aller-et-retour aux w-c ! Je termine la soirée par une bonne douche avec un auto-bronzant à base de Bétadine. Deux petites pilules, un dernier réglage de lit et dodo ! Vite dit, les intestins en fête vont hacher ma nuit.
Mardi 15 juillet, 06h00.
« Bonjour monsieur, vous avez bien dormi ? ». Ben, voyons ! Direction la douche pour un nouveau décrassage à la Bétadine. J’enfile la camisole, enfin j’essaie. Je me bats avec les pressions. Bon, y a pu qu’à attendre. Je ne pense pas. 7h30, mon taxi arrive. J’enfile une charlotte et des chaussons de la même fibre. Je m’allonge sur le brancard et je pars les pieds devant ……comment ça les pieds devant, je croyais que… ! Le plafond défile devant mes yeux. Ascenseur puis un couloir. La ligne n’est pas directe, j’effectue un changement de brancard et de conducteur. C’est un jeune avec un gros bonnet bleu qui, avant de repartir, me couvre avec une couverture de survie. Il me gare dans la salle de pré-anesthésie. Un autre brancard vient se garer en double-file. Pas le temps de faire la causette avec son occupant, je repars pour la salle d ‘opération. Je tords la tête pour essayer d’apercevoir quelque chose d’intéressant. Après le sas, j ‘aperçois sur le mur un tableau d’affichage avec des feuilles tenues par des aimants. C’est une salle d’opération ou un bureau ? Non, mon brancard arrive le long de la table d’opération. Zouuuuuu, on tire sur le drap et me voilà installé sous le scialytique. « Tendez votre bras droit, monsieur ! » Voilà. « Votre bras gauche ! » Pose d’un cathéter sur le dessus du poignet. « Bonjour, je suis l’anesthésiste…….. ». Vlan ! Quelqu’un a éteint la lumière……… ?
« Monsieur ! Monsieur…. ! ». Je grogne. « Monsieur… ! Monsieur… ! Vous êtes là ? ». Euh, sans doute ! Même pas capable de connecter deux neurones. Bon, il insiste. Je grogne une seconde fois pour lui faire plaisir. Re-noir ou blanc, c’est comme on veut.
Lumière. Tiens me revoilà dans ma chambre. On est l’après-midi. Des infirmières sont autour de moi. Je suis câblé comme un ordinateur. Y en a partout. Ça clignote à gauche, ça ronfle à droite. J’ai des machins qui me pendouillent au-dessus de ma tête. Une infirmière m’explique leur rôle. Sympa, je vais pouvoir faire joujou avec tout ça ! Même pas mal, avec un gros pansement sur le ventre et de l’oxygène sous le nez !
Voilà, c’est fait, deux mois pour en arriver là ! Le téléphone commence à sonner. Pas terrible pour tenir la conversation, la bouche pâteuse, l’élocution laborieuse. J’arrive à tenir 2, 3 mn à chaque fois. Mireille arrive. Brouillard.
La nuit va être rythmée par les infirmières toutes les deux heures.
Mercredi 16 juillet
Je retrouve mes esprits. Il faut chaud. Visite du Lutin et de sa Josette. Thierry photographie tout, drague les infirmières. Il regrette le temps où ces dernières étaient en sous-vêtement sous une blouse qui laissait tout voir. C’est ainsi qu’il en a gardé la mémoire lors d’une hospitalisation à 13 ans, à Tarascon pour une infection à un poignet. Enfin, il lui restait l’autre pour calmer ses émois ! On engage une conversation avec une infirmière, marathonienne licenciée à Endurance 72. Ronde du chirurgien. Le soir, je réussis à négocier avec l’anesthésiste un yaourt. Certes, j’ai le glucose en perf mais l’estomac fait des siennes. La soirée est lourde ; j’obtiens avec mon charme naturel un ventilateur prélevé dans la chambre d’en face !!! J’ai parlé de la clim au chirurgien. Le bâtiment est neuf. Lui et ses associés ont été petits joueurs. Effectivement, ils n’ont pas investi dans la climatisation, sans doute que cela leur faisait trop de parcours de golf ou de séjours à Marbella en moins ?
Jeudi 17 juillet
Avec l’aide, je me lève pour la toilette. Mais il faut trimbaler la tuyauterie, les pots, la poche ! C’est fou comme on s’habitue à ce genre de situation ! J’exagère un peu, on commence justement à m’enlever de la plomberie : exit les perfs et la morphine, exit la surveillance cardiaque, exit la surveillance des gaz du sang, exit le premier drain. Justement, c’est là que je vais voir les travaux. L’infirmière décolle précautionneusement le gros pansement que j’ai sur le ventre. La vache de cicatrice toute boudinée! Presque 11 cm de long, raccommodée avec des gros nœuds noirs. Comme me l’avait expliqué le chirurgien, il y avait plusieurs techniques mais une seule correspondait à ma situation, celle dite à ciel ouvert. Jolie expression pour ouvrir le ventre ! 2 gros tuyaux sortent de part et d’autre de la balafre. Il s’agit d’en retirer un. Je m’installe pour le spectacle. Selon les conseils, j’inspire, je souffle et……. Non, pas trop douloureux et une sacrée étrange impression quand le tuyau se retire du ventre. Nettoyage de l’ensemble et on laisse tout ça à l’air libre ! Les coups de fils et les visitent se succèdent, cela fait chaud au cœur.
Pour le repas du soir, je ne me fais pas d’illusion. Mais si, on m’apporte un yaourt et une comporte avec la petite serviette sur laquelle est écrit « Bon appétit ! » Humour !!!! J’attaque mon 5e bouquin !
Vendredi 18 juillet
Petit déjeuner royal avec 2 biscottes. Enfin, je devrais faire moins le mariole car, les intestins, eux, ils ne rigolent pas. Je dirais même qu’ils me gonflent ! Doudiou, autre chose que de retirer un drain. Je vais passe cette journée à me tortiller. Heureusement, je peux me lever et marcher. 2e drain à retirer. Pas flambard, je préfère ne pas regarder. Je soufffffffffle ! Toute la matinée et l’après-midi, les moteurs ont rugi et les pneus crissé sur le circuit Bugatti qui est juste à côté ! Je passe sur le repas bulgare du midi « Bon appétit ! ». Je n’ai même pas faim ! C’est fou, ça, je ne savais pas qu’on pouvait se nourrir avec 2 yaourts et 2 compotes par jour !
L’après-midi, la kiné vient m’entretenir pour la suite à venir. Je balise un max justement à ce propos. Cette kiné ne me rassure pas, il faut voir ; Elle me tend une feuille de suivie et les conseils sur laquelle il est écrit pas d’effort (vélo, sport, bricolage, jardinage) pendant un mois. Un mois, chic ! Ben non, sachant que je suis ultra-marathonien, c’est la punition, rien pendant 3mois ! Mince, enfin si c’est le prix à payer, ce n’est pas cher !
Coups de fil et visite.
« Bon appétit ! »
Et broummm, criiiiiiiiiii, sur le circuit à côté jusqu’à 1h du matin !
Samedi 19 juillet
Réveil, piqûre, tension, prise de sang, température comme d’hab, visite du chirg. Midi arrive et que vois-je sur le plateau, à côté du yaourt et de la compote ? Un gros couvercle carré protégeant un bon plat chaud !!!! Je soulève……….. Perdu sur une assiette un misérable carré de poisson orné d’une non moins misérable tranchette de citron. « Bon appétit ! ». Même chose le soir !
La journée a été belle. Depuis 2 jours, je ne baisse plus le volet roulant pour profiter du soleil se couchant derrière les pins. Ce n’est pas le cas des voisins : bien avant que l’astre se retire, j’ai entendu les volets se baisser les uns après les autres.
Dimanche 20 juillet
C’est vite le train-train mais là, le midi, vrai premier repas. Le Lutin revient avec sa Josette pour me faire passer la journée, rejoints pas d’autres amis.
Lundi 21 juillet
Gros moment d’angoisse, ce matin. On retire la sonde ! Certes, je me fais tripoter le kiki par deux jeunettes, mais c’est là que cela va se jouer. Tout se passe bien. Maintenant, je vais enfin voir si je retrouve mes fonctions. A première vue, c’est ok. Je commence à être soulagé, c’est le cas de le dire !! J’en perds pas une goutte !
Visite surprise d’Allain et de Béatrice le soir. On passe un bon moment ensemble.
Mardi 22 juillet
C’est le départ. Dernière piqûre, dernière prise de sang. Et on retire les fils !! Déjà !! La partie n’est pas encore gagnée mais on tient le bon bout.
Il fait beau. Mireille est au volant. Je regarde la campagne. Quelle est belle, si simple à admirer sous le soleil de juillet.
15 commentaires
Commentaire de Jihem posté le 22-07-2008 à 20:00:39
Mon général aurait dit : "Faites votre devoir Madame !". Visiblement, Tu a été opéré par des schtroumphs, l'infirmière marathonienne a du être envoyée par des kikourous. Drôle de monde ! Plus sérieusement, heureux de te lire, avec cet humour qui es le tiens. Garde le !
Et merci à toi !!!
Commentaire de Jihem posté le 22-07-2008 à 20:01:50
M... J'ai encore laisser des fotes. désolé l'instit.
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 22-07-2008 à 20:53:29
Je vois qu'on ne t'a pas extrait le boyau de la rigolade ! Je sens que je vais m'ennuyer à la rentrée du cross. Vivement que tu reprennes la course ! Garde bien Kikouroù pendant mon absence !
Commentaire de taz28 posté le 22-07-2008 à 21:04:51
Un nouveau récit tout aussi haletant mon Mustang !!
Heureuse de te retrouver ici, débarrassé de tes fils, de tes drains et tout le tintouin !!
Récupère bien, laisse ta Mireille te soigner, et te coucouner !!!
Plein de bisousssssssssssssss sur ton torse tout épilé :-))
Taz
Commentaire de idec59 posté le 22-07-2008 à 21:53:22
Je suis d'accord avec toi, les infirmières ne sont plus ce qu'elles étaient...Bon courage et prend bien soins de toi. Pascal
Commentaire de BENIBENI posté le 22-07-2008 à 23:41:58
Ta bonne humeur fait chaud au coeur ! Bonne convalescence et ... Vive la vie ! Pour finir, entre homme, t'a réussi à en peloter une ? D'infirmière...
Commentaire de LtBlueb posté le 22-07-2008 à 23:51:51
Content de te relire mon gars . Take care !
Commentaire de _azerty posté le 23-07-2008 à 06:26:42
ça, c'est de l'article !!! on n'apprend rien sur la course à pied mais qu'est ce que ça fait du bien.
Bon retour chez toi, Philippe.
Domi
Commentaire de shunga posté le 23-07-2008 à 09:45:56
Pas mal l'hôpital vu comme ça. Je suis sûr qu'on pensera à toi la prochaine fois que l'un de nous y passera. Merci. Et bonne convalescence. Profite après faudra courir !
Commentaire de grandware posté le 23-07-2008 à 10:03:14
Elle s'y sont mises à deux.... Gourmand va !
Commentaire de la panthère posté le 23-07-2008 à 11:08:39
prends soin de toi, mustang le cheval bleu.....je suis sûre que Mireille est aux petits soins pour toi, bisous à vous deux.....
Commentaire de Epytafe posté le 23-07-2008 à 14:39:29
Un bien beau billet. Et j'espère bien que tu vas profiter de tes trois mois d'abstention de course pour nous pondre au minimum 2 beaux billets quotidiens !
Commentaire de Françoise 84 posté le 23-07-2008 à 16:38:02
Et bien, tu as réussi à nous pondre un bien beau CR...!!! Allez, soigne toi bien et récupère vite, parce qu'on préfère quand même que tu nous racontes tes courses... Gros, gros bisous à vous deux!
Commentaire de ampoule31 posté le 23-07-2008 à 19:14:31
Heureux de te relire, et comme tu es un adepte du long nul doute que tu sortiras de cette fin d'épreuve. Autrement tout comme Benos tu en as pécho une de blouse blanche ? Surtout qu'elles avaient de chouettes sabots
Commentaire de co14 posté le 25-07-2008 à 15:03:53
Garde bien le "boyau de la rigolade" c'est le premier remède pour une bonne convalescence, bon courage....et laisses toi dorloter par ton infirmière perso...Bisous
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