Par Mustang - 02-08-2008 17:51:28 - 5 commentaires
Je me souviens du monde -1-
Les instants de mémoire sont autant de balises qui surnagent dans le tourbillon de la vie. Pourquoi ceux-là et pas d’autres ?
A la différence de Georges Pérec, j’ai choisi ceux des grands événements mondiaux pour lesquels j’ai toujours marqué un grand intérêt. Ceux qui suivent ne sont pas donnés dans l’ordre chronologique. Beaucoup sont des tragédies, désolé !
1- Je me souviens d’un reportage sur le conflit à Chypre au journal télévisé du soir sur l’unique chaîne. Cela devait être en 1964. Le présentateur avait pris des précautions pour annoncer les images horribles à venir : sur une musique grave, la caméra avançait dans une pièce vers une baignoire où gisaient les cadavres d’enfants et d’adultes qui s’y étaient réfugiés en vain pour échapper aux balles de soldats impitoyables.
2- Je me souviens de cet autre reportage à la même époque, cette fois-ci sur le Congo Belge. Il s’agissait d’une bavure de la part des Casques Bleus qui avaient tiré sur un combi Volkswagen conduit par un couple de Belges. Ils avaient tué l’épouse du conducteur et blessé ce dernier qui était assis au bord de la route, rendu aveugle par une blessure à la tête. Je ne peux revoir un Combi VW sans songer au désespoir de cet homme et à l’indifférence des soldats de l’ONU dans leur mission dérisoire.
3- Je me souviens de Christine Ockrent qui interviewait en 1979 un ancien premier ministre iranien du Shah, Amir Abbas Hoveyda dans sa geôle, quelques jours avant que ce dernier soit exécuté d’une balle dans la tête. Elle avait été particulièrement odieuse, impitoyable pour ne pas dire carnassière dans ses questions à cet homme qui se savait condamner.
4- Je me souviens de ce vendredi soir, en novembre 1977, alors que je rentrais de la base aérienne 105 d’Evreux, où j’ai assisté à l’arrivée en direct à la télévision de président égyptien Anouar el-Sadate sur l’aéroport de Tel-Aviv. Menahem Begin et Golda Meïr accueillaient ce président au regard d’aigle.
5- Je me souviens de ce samedi 4 novembre 1995 ; nous étions en week-end chez des amis quand nous avons appris l’assassinat du premier ministre israélien Yitzhak Rabin. Nous en fûmes tous atterrés.
6- Je me souviens de ce reportage vers la fin des années 1970 ou début 1980 sur les instituteurs en Afghanistan qui étaient assassinés par les Moudjahidines car ils avaient osé enseigner aux petites filles.
7- Je me souviens du 11 septembre 1973 lorsque les avions bombardaient le palais de la Moneda. Depuis le printemps avec la grève des camionneurs fomentée par la CIA, je sentais le drame venir cependant j’espérais que la démocratie allait gagner. Salvador Allende demeure à jamais dans ma mémoire comme le héros absolu.
8- Je me souviens de l’exécution ignoble par garrot de Puig Antich à l’âge de 24 ans en mars 1974 ; cette vieille carne de Franco en train d’agoniser avait refusé la grâce que le monde entier réclamait pour ce jeune anarchiste.
9- Je me souviens de ce mois d’août 1968 où la radio France Inter diffusait en boucle la Moldau de Smetana alors que les chars russes écrasaient la Tchécoslovaquie. Mon père m’avait appris en classe tous les détails de ce poème symphonique à la gloire de la Tchécoslovaquie.
10- Je me souviens de ce dimanche 27 octobre 2002 alors que je courais dans les causses pour la course des Templiers. Malgré la beauté des paysages, je ne pouvais ne pas m’empêcher de penser aux otages de ce théâtre à Moscou. Ce n’est que le lendemain, en quittant Nant que j’ai appris à la radio de la voiture les détails de l’assaut tragique où les otages furent asphyxiés et les membres du commando tchétchène abattus.
11- Je me souviens de cette rentrée de septembre 2004. En voyant mes propres élèves s'ébattre dans la cour d’école ce 4 septembre, je ne pouvais pas m’empêcher de songer à ces autres élèves allongés à jamais dans une autre cour d’école, à Beslan.
12- Je me souviens, bien sûr, comme tant d’autres de ce 21 juillet 1969 où, au milieu de la nuit, toute la famille s’était installée devant la télévision pour guetter l’instant où Neil Armstrong allait mettre le pied sur la Lune. Je revois cette interminable image du morceau du L.E.M. avec les barreaux de l’échelle. Il a fallu attendre longtemps avant d’apercevoir le pied de l’astronaute sur les barreaux.
13- Je me souviens de l’éclipse totale de soleil du 11 août 1999. J’étais sur les falaises au nord d’Etretat pour assister au phénomène. Il y avait là une foule immense. Quand le soleil disparut et que l’obscurité arriva, la température chuta, on vit les vaches dans le champ proche se diriger vers l’étable et surtout il y eu un grand silence.
14- Je me souviens du 21 mai 1981, vers 20h, de retour de Paris où nous avions effectué une visite chez des cousins, Mireille et moi étions sur l’autoroute peu avant la barrière de péage de Saint-Arnoult quand la radio a annoncé la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle.
15- Je me souviens du nom du négociateur nord vietnamien, Le Duc Tho et du lieu des négociations avec Kissinger à Saint-Nom-la-Bretèche pour mettre fin à la guerre du Viet-Nam, au début des années 1970.
16- Je me souviens de Louis Washkansky, le premier greffé du cœur par le professeur Barnard en 1967. Il avait survécu un peu moins de 20 jours. Une image de la télé avait montré la foule assemblée devant l’hôpital du Cap et, parmi cette foule, la présence incongrue de Françoise Hardy ! Le second greffé fut un dentiste Philip Blaiberg.
17- Je me souviens lorsque j’étais militaire à la BA 105, en 1977-1978, je consignais entre autre travail, les bons d’essence des avions, et en particulier ceux du DC10 chargé de la surveillance électronique au-dessus de l’Afrique. Mais cet avion était aussi utilisé par Giscard lorsqu’il partait discrètement pour aller chasser en Afrique, notamment en Centrafrique ! Je m’amusais alors à suivre ces périples grâce aux bons d’essence délivrés sur les aéroports africains.
18- Je me souviens de la prise d’otage des athlètes israéliens aux J.O de Munich en 1972. Alors que la fin des événements pouvait faire espérer une issue heureuse, ce fut le drame. Par la suite, bien plus tard, j’appris que cela avait été du à l’impréparation, l’amateurisme de la police allemande.
19- Je me souviens de mon prof de Français au collège en ce mois de juin 1968 qui avait pris l’habitude de nous parler assis sur un coin de son bureau !
20- Je me souviens de l’extraordinaire, l’incroyable parade de Jean-Paul Goude à Paris pour célébrer le bicentenaire de la Révolution Française et de la chanteuse Jessye Norman, drapée dans un drapeau français, chantant la Marseillaise sur la place de la Concorde.
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5 commentaires
Commentaire de claude 34 posté le 02-08-2008 à 18:37:24
Hou lala !!! Pas gai tous ça !!! Profite des vacances, cooooolllll... Le Lutin reviens pour faire rire le Mustang ;-)))
Commentaire de shunga posté le 02-08-2008 à 23:22:42
Tu as vécu l'Histoire toi !
Je crois que c'est pour les 3/4 de ce que tu viens de dire que j'ai remplacé successivement ma page d'accueil internet de page d'info de free, par marianne, le parisien, les écrivains du montana, pour en arriver à kikouroux, en moins de 2 mois.
Over dose.
Commentaire de BENIBENI posté le 03-08-2008 à 00:22:22
Ouais et bien moi je ne me souvient plus de ma première gaule ni de ma première cuite...Eh le Mustang ! Tu te souviens que des merdes ou quoi ?
Commentaire de la mouette posté le 04-08-2008 à 10:37:24
Mustang , un billet nostalgique ? garde le moral , la forme ve revenir , tourne toi vers l'avenir !
Commentaire de Jihem posté le 07-08-2008 à 11:15:44
Je vais me faire engueuler par les zautres, mais moi, je me rappelle de ce reportage radiophonique de Daniel Mermet, un jour de 1994, où un type emmène les reporters dans une église où ont été exécutés des Tutsis. Mermet marche sur les cadavres. Et découvre une petite fille encore en vie. Je me souviens de Jean-Marie Djibaou, enrhumé, dans un meeting au cirque d'hiver en 1988. Je me souviens de l'émotion de cette manifestation spontanée lors de l'assassinat des kanaks à Ouvéa, toujours en 1988...
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