Par Mustang - 27-07-2011 23:41:33 - 12 commentaires
Une balade pyrénéenne
Dimanche 17 juillet: du barrage du Tech ( 1 207 m) au refuge du Miguélou (2 278 m)
Nous ne sommes pas en avance, il faut dire qu’une pluie battante s’est abattue sur la région depuis le milieu de la nuit. Le réveil a sonné à 7 h mais Mireille et moi avons traîné chez notre hôte à Villelongue si bien que nous prenons la route plus tard que prévu ; Il est près de 10 h quand nous arrivons au parking du barrage du Tech au-dessus d’Arrens-Marsous. Maintenant la pluie est fine mais ce n’est guère encourageant de partir. Mireille est angoissée à la fois par mon périple et par la route qui l’attend pour remonter seule en Normandie. C’est la première fois que nous nous quittons depuis 33 ans ! Je m’en veux de la mettre dans cette situation mais elle comprend mon projet même si elle ne l’accepte pas vraiment.
10h15, je regarde intensément la voiture qui s’éloigne ; même après qu’elle eut disparu, je reste quelques instants à contempler la route vide. Les dés sont jetés.
Mon sac est lourd, trop lourd, dans les 20 kg dont près de 5 kg de nourriture. Ce qui est réconfortant d’une certaine manière, c’est que plus mon périple avancera, plus il s’allègera ! J’ai sur le dos un t-shirt, une polaire Millet et ma veste Haglöfs. Tout de suite, le chemin s’élève sous les arbres ; Finalement, j’ai chaud. Je m’arrête pour ôter ma polaire. Je progresse dans les nuages cependant j’ai une bonne visibilité pour l’environnement proche. Tout en montant, je cogite : est-ce bien raisonnable, ce que je fais ? Le chemin s’élève assez rapidement. Je croise deux jeunes pêcheurs qui redescendent des lacs. Seuls, les iris bleus, les grandes gentianes jaunes et autres fleurs apportent de la lumière dans cette grisaille. La pluie semble cesser mais l’humidité est totale. Au fur et à mesure que je m’élève, la sapinière laisse la place à la pelouse alpine. Dans l’herbe mouillée, j’aperçois une belle salamandre jaune et noire. Vers 13h, j’effectue ma pause-déjeuner : viande fumée et pain. Je prends également le temps de chauffer de l’eau pour une semoule ; ce sera mon type de repas du midi.
A son tour, la pelouse disparaît, l’univers dans lequel j’évolue devient tout à fait minéral. Je progresse très lentement mais peu importe. J’atteins enfin le lac de Pouey Lau – altitude 2 346 m et 5 km de parcourus. Je sens le soleil derrière les nuages. J’entends les clochettes d’un troupeau de moutons. Leurs sonnailles vont m’accompagner dans l’ascension du col de l’Hospitalet particulièrement raide. Déjà les premiers névés ! Au col – 2 548 m, les nuages s’amoncellent. Succède ensuite un court passage plat qui est un répit puis c’est la descente vers le lac de barrage du Miguélou. Et quelle descente dans une pente très raide mais le sentier trace de nombreux lacets afin de perdre rapidement de l’altitude. Les marmottes sifflent à qui mieux-mieux pour signaler mon approche ! Quelques virages caillouteux ne sont pas évidents à négocier avec mon sac qui est mal ajusté. Les sangles que j’avais pourtant resserrées se sont un peu détendues et donnent du balan au sac. J’y vais avec prudence. Enfin, j’arrive au lac. Il est 16h30. Le col d’Artouste est donné en 1h30. J’en vois les lacets supérieurs du sentier qui y accède car le ciel s’est dégagé mais le refuge d’Arrémoulit est encore bien loin. Celui du Migouélou me tend les bras ! Humm, cela fait plus de 6 heures que je marche avec un D+ de 1 139m. 10,10 € la nuit ? Vendu !
Le refuge est tenu par un jeune couple. Je suis le seul client car je suis sur un itinéraire peu fréquenté et la météo n’incite pas à la balade ! Je prends un café et vais ensuite installer mes affaires dans le dortoir pour moi tout seul ! J’ai le privilège de dormir face au col d’Artouste sur fond de ciel bleu ce soir ! Je redescends dans la salle pour préparer mon repas simple : soupe, purée, quelques tranches de viande et pain d’épice. Ce sera mon ordinaire du soir. Petite toilette et coucher à 20 h ! Le ciel se couvre. Ma nuit n’est pas terrible : le toubib qui me suit a eu la bonne idée de changer mon traitement juste avant les vacances alors que je devais être tranquille au moins un an ! Il a préféré changer de stratégie thérapeutique au vu de dernières informations. Ok mais gare aux effets secondaires: bouffées de chaleur et insomnie ! J’y donne en plein. Ce ne sera pas un vrai sommeil, juste de la somnolence si bien que, de ma couchette, je peux assister à l’embrasement matinal des sommets que me font face par le soleil qui s’élève dans le ciel.
Bilan du premier jour: 9 km et 1 139 m de D+
Lundi 18 juillet : du refuge du Miguélou (2 278 m) à l’ibón de las Ranas (2 259 m)
Lever vers 7 h. Toilette simple au lavabo puis je vais prendre mon petit-déjeuner que je prépare dans la salle commune : lait en poudre sucré mélangé avec du muesli et un café. Là aussi, ce sera la même chose chaque matin. Je discute un peu avec la compagne du garde. Un petit mot sur le cahier du refuge et je pars.
8h30. Il a gelé cette nuit car la boue du sentier est dure, irisée de glace. L’air est vif. En principe, pas de souci, le chemin est tout tracé. Mais je me trompe abusé par des cairns intempestifs. Je perds la trace et commence à jardiner dans les éboulis. Je vise le col que j’aperçois ainsi que les lacets du chemin qui y conduisent. Mais je galère dans les rochers. Je tente ma chance dans un petit thalweg relevé. Je le remonte sur une dizaine de mètres mais c’est une impasse. Je redescends et continue à progresser tant bien que mal dans un chaos de blocs rocheux. J’atteins un éboulis que je traverse puis remonte en bordure sur le gazon. Enfin, je rejoins la piste et de là, peux voir le bon tracé en-dessous. Grrr, quel ballot ! La montée en lacets vers le col d’Artouste se fait sans problème désormais – altitude 2 472m.
Puis c’est la descente dans un vallon minéral, dominé par le Pic de la Lie. La pente est particulièrement raide mais le sentier en lacets est bien net. A priori, pas de souci ! Cependant quelques passages délicats nécessitent de l’attention. J’aperçois le chemin en bas, j’aimerais bien y être déjà. A mi-pente, le sentier est coupé et il me faut m’engager dans une cheminée sur 4-5 mètres ! Je ne suis pas à mon affaire avec mon sac. J’y vais avec beaucoup de prudence. Mes bâtons me gênent car je dois me tenir à la paroi avec les mains. Ouf, l’obstacle est passé ! ( La meilleure conduite aurait été de descendre mon sac avec la corde que j’ai emportée et ensuite de passer l’obstacle à vide !). Encore quelques lacets et la piste s’engage à flanc vers les petits lacs de Carnau (2 202m). J’y effectue une halte en me restaurant de bananes séchées. Un mouton vient me rendre visite et avale goulument le morceau de banane que le lui offre !
Je progresse à flanc dans un sentier sans trop de difficultés mais il faut toujours être attentif à la pose du pied, ce sera le cas toute la journée. J’ai retrouvé la végétation : gazon, arbustes, gentianes acaules. D’où je suis, je domine une longue vallée qui file vers le nord-ouest. Sur son flanc sud, progresse le petit train jaune à crémaillère d’Artouste. La journée est belle, les touristes sont nombreux à en profiter. D’ailleurs j’en croise quelques uns qui montent en excursion vers le col.
Il est 12h quand j’arrive au-dessus du barrage. Je m’installe pour déjeuner au centre d’un panorama superbe. Puis je reprends ma route en passant sur le barrage (1 997m) et je m’engage sur le chemin qui conduit aux lacs d’Arrémoulit. Je longe le très beau lac aux eaux turquoise et commence l’ascension. Pas de souci, le chemin en lacets est très net. Je croise de nombreux randonneurs. J’atteins le refuge vers 14h30. Je recharge en eau. Je m’informe de la météo auprès du gardien. La nuit va être agitée : pluies et ciel de traîne ensuite. Je discute avec un jeune du refuge qui m’indique le tracé vers le col d’Arrémoulit qui est selon lui bien cairné. Il ajoute que la descente est raide ! Et pourtant, nous étions passés par là en 2003 : nous étions venus de Respomuso, avions contourné les lacs d’Arriel par l’Est puis étions montés au col Palas, descendus à Arrémoulit, remonté au col du même nom et redescendus sur Arriel. Mais la situation n’était pas la même sans sac et le fait d’être seul change les appréciations!!!
Bon, c’est parti. Je contourne le lac et commence l’ascension dans de gros éboulis. Effectivement, les cairns sont bien présents et il n’y a pas de souci à grimper. Je croise là aussi des randonneurs montés pour le coup d’œil. J’arrive au col (2 448 m). Deux jeunes espagnols se restaurent en admirant le paysage. Je m’engage dans la descente vers les lacs d’Arriel. Le tout début est sans problème. J’arrive à un épaulement puis c’est la dégringolade ! Ouhouh ! Le sentier est dans la pente très très relevée. Je n’ai pas le choix. De suite, j’arrive sur une difficulté : une marche d’un mètre à franchir. Pas vraiment de quoi m’agripper sur la paroi. Ça va être chaud ! Et ça l’est ! Je suis passé. Je continue ma descente bien soulagé. Si ça reste très technique il n’y a plus de souci majeur. Je suis rejoins par les deux Espagnols qui ont du me voir en difficulté plus haut. Ils m’accompagnent dans la descente, le premier m’indiquant de temps en temps où poser mes pieds.
Nous voilà en bas. Je regarde en arrière la voie par laquelle je suis descendu : pour être relevé, c’est du relevé ! Nous continuons dans un chaos de gros rochers pour atteindre le sud du lac. Enfin, un bon chemin sur la rive ouest du premier lac. Le temps se couvre. Je suis fatigué. Ne maîtrisant pas l’espagnol et eux le français, nous échangeons en anglais. Je leur indique mon objectif et leur décrit mon périple. Au déversoir du dernier laquet, nous nous quittons. Ils redescendent dans la vallée vers Sallant de Gallego, moi je continue vers Respomuso par le GR11.
C’est interminable. Le chemin très beau domine une vallée profonde et étroite. Mes arrêts sont fréquents pour me reposer. Un isard et son petit broutent à quelques mètres de moi. Ce spectacle me redonne du cœur pour avancer. Enfin, j’aperçois le barrage (2 121 m) puis le refuge mais le chemin remonte pour y accéder. Arf ! Je le dépasse car j’ai l’intention de bivouaquer quelques centaines de mètres plus loin. D’ailleurs, d’autres randonneurs l’ont fait. Je suis épuisé. J’arrive enfin au lac des Grenouilles. Je cherche un endroit approprié à l’abri du vent et de l’eau. Il est 19h30 passé: 11 h de marche. Je monte la tente et prépare mon repas.
La nuit ne va pas être calme à cause du temps : le vent souffle en rafale et la pluie l’accompagne.
Bilan du deuxième jour : 21 km et 645 m de D+
mardi 19 juillet : de l’ibón de las Ranas (2 259 m) au refuge Wallon (1 865 m)
La nuit fut agitée à cause du vent. Cependant, j’ai pu dormir par intervalles. Ce sont les grands coups de vent qui me réveillaient. Je les entendais puis aussitôt la toile de ma tente claquait. J’avais décidé de rester ici une journée à me reposer. Aussi, je paresse au lit ! Surtout qu’au petit matin, la pluie s’est mise à tomber. Mais ensuite un peu de soleil a donné. Je sens sa chaleur sous la tente. Des vaches blanches viennent me rendre visite bruyamment à grands coups de cloche. Finalement, je décide de me lever. Le temps est chagrin. Je vais faire ma toilette dans le lac. L’air est glacial mais tant pis, torse nu et le reste pour un coup de gant savonné afin de ne pas trop sentir mauvais. Je me prépare le petit déjeuner, il est passé 10 heures. Ce matin, j’étais encore décidé à rester mais vu le temps, j’ai envie de rejoindre le refuge Wallon.
Allez, hop ! Je range tout mon bazar dans le sac. Il est 11 heures quand je prends le départ vers le col de la Fache. Le ciel est très changeant. Les sommets environnants sont le plus souvent dans les nuages. Je dépasse le barrage de Campo Plano qui n’a pas été mis en service, maintenant c’est un rempart dérisoire au milieu d’une plaine désolée. Sur ma gauche, je vois le col de la Peyre Saint-Martin par lequel nous étions venus en 2003 pour notre précédent bivouac. Je croise quatre randonneurs espagnols. Hola !
De les croiser m’a perturbé car je m’engage rive droite du torrent qui descend du col de la Fache. Je m’en aperçois bientôt et je fais demi-tour pour reprendre le bon chemin. De toute façon, je n’avais qu’à faire attention car le chemin est signalé sur un gros rocher. Je suis bien couvert avec ma polaire et ma veste, ce matos me protège bien du froid et de la pluie !
Au début, la piste qui s’élève n’est pas difficile mais à mesure qu’elle s’engage dans le barranco où gronde le torrent, il faut prêter de l’attention car le sentier sur un flanc très relevé. Je croise un premier couple de randonneurs à la mine sombre, hola ! Puis en second ; je m’enquiers des conditions météo là-haut, au col. La randonneuse me rembarre en disant « c’est la montagne ! ». Merci madame. Je monte doucement. J’ai encore la fatigue d’hier dans les jambes. J’aperçois de temps en temps la Grande Fache (3009m). Son sommet blanchit. En effet, la neige devient de plus en plus intense même si elle ne tient pas au sol où je me trouve. Le terrain change. La piste monte de plus en plus sévèrement dans les éboulis. Je peine, le souffle court. Mon sac me gène pour respirer. De nouveau, un couple de randonneurs descend du col. Ce sont des Allemands. La jeune femme parle français. On prend le temps le temps d’échanger un peu. Ils ont pris le risque de monter au sommet de la Grande Fache malgré les mauvaises conditions météo.
De temps en temps, je jette un coup d’œil vers le haut. J’ai la notion du temps mais je gravis lentement sachant quelque soit mon allure, j’avance. Enfin, j’atteins non pas le col mais un replat. Je traverse un court névé pour longer un des ibones de la Faixa. Je m’égare un peu dans les éboulis. Il faut être très vigilant pour ne pas se perdre dans cette pierraille. Je remonte dans la pente pour passer au-dessus du lac. La piste est barrée par deux névés. J’aborde le premier pas très rassuré puis le second. Le fait d’être totalement seul amplifie ma prudence. J’ai quoi… une vingtaine de mètres à parcourir. Mais ce névé pentu conduit directement au lac ! Je n’ai pas le choix, de toute façon, je savais qu’il était là et je l’ai déjà traversé deux fois en d’autres temps. Mais là, je suis absolument seul dans ce monde glacé. J’ai sans doute peur, je dis sans doute car je m’imagine avoir peur autrement. De l’appréhension certes… Si, de la peur ! Allez, je pose le premier pas en marquant bien la trace d’un bon coup de semelle pour assurer l’appui. Je me cramponne à mes bâtons. Je ne regarde pas à gauche vers le vide ni devant. Je me fixe que les prochaines traces dans la neige. Je progresse lentement, l’esprit vide. Je lève les yeux, voilà, c’est la fin du névé. En fait, c’est comme le reste, juste un peu d’attention. Un peu plus loin, je me retourne pour mon contempler avec un lâche soulagement ce névé, finalement, obstacle bien dérisoire…
Me voilà au pied de la dernière difficulté. J’ai encore à gravir quoi… un D+ de 50 m ? Et c’est reparti, mètre par mètre, dans les bourrasques de neige, je grimpe. Voilà, il est près de 14 heures, je suis au col de la Fache – 2 664 m. je me mets à l’abri d’un rocher car le vent souffle très fort et il m’a déjà déséquilibré comme j’atteignais le col. Satisfaction intense d’être là. Je m’arrête pour manger malgré les conditions météo. J’ai un grand moment de bien être d’être parvenu jusque là. Quel instant ! Ce sentiment de solitude dans cette immensité, c’est assez exaltant en fait pour moi. Je mange un quignon de pain avec du saucisson. Un oiseau s’approche de moi. Je lui jette quelques miettes qu’il vient picorer.
Maintenant, c’est une longue, longue descente vers le refuge Wallon. Je réajuste mon sac pour la nième fois. Je descends la sangle haute, celle qui retient les bretelles. Voilà, c’est beaucoup mieux pour respirer ! La neige redouble, entremêlée d’éclaircies ! Le décor est lugubre à souhait. Je suis seul, je continue d’avoir ce sentiment d’exaltation, c’est assez troublant. Quelques marmottes s’enfuient à mon approche. Bientôt le refuge est en vue mais les nombreux lacets pour y arriver ne m’en approchent guère. C’est finalement sur le plat que j’ai pu le rejoindre.
J’ai l’espoir secret qu’il y ait une couchette de libre car je n’ai pas trop envie de bivouaquer. Chance, il y a de la place. Je réserve deux nuits car je compte faire banette demain dans l’espoir d’une meilleure météo. Je pose mon sac et je prends un grand café. Puis, tout à coup, l’envie de téléphoner à Mireille me prend. Le gardien m’a indiqué qu’il fallait bien descendre pour capter le réseau. Peu importe, trop envie de parler. Je chausse mes trails et je m’élance dans la descente vers Pont d’Espagne. J’ai allumé mon portable. Je double trois randonneurs puis croise un couple qui monte. Le parcours est très technique mais je retrouve sans difficultés mes aptitudes de traileur. Je trouve cela grisant malgré le parcours d’aujourd’hui. Cela me fait un bon entraînement. Je dois descendre environ 4-5 km pour accrocher le réseau. Je parle longuement à Mireille puis à ma fille Oriane. Et il me faut remonter ! Je recroise les trois randonneurs de tout à l’heure. Je m’arrête pour discuter avec eux. Eux aussi étaient partis pour la semaine du côté espagnol mais le mauvais temps les décourage. Ils arrêtent. Je rejoins le refuge. Une bonne toilette et je prépare mon repas dans l’annexe du refuge où un dortoir se trouve à l’étage par lequel on accède par un escalier métallique en colimaçon. L’endroit est sommaire, en fait cela me donne l’effet d’un taudis ! Des Espagnols préparent laborieusement un repas en tenant une grosse gamelle remplie d’eau en équilibre sur un petit réchaud à gaz qui ne chauffe pas ! Puis deux jeunes Françaises arrivent. C’est plus simple pour discuter. Je leur prête mon réchaud très performant (!) pour qu’elles fassent bouillir l’eau pour la soupe car, ici, dans ce refuge, l’eau n’est pas potable ! Moi, j’ai mis du micropur dans ma bouteille. Je discute également avec le couple que j’ai croisé tout à l’heure. De fait, ils sont de Berlin, lui est Allemand, et elle, Française. Je vais discuter le plus souvent avec elle au cours de ces deux jours car lui semble me battre froid. Ach ! Ils ne sont pas trop aguerris pour la montagne selon leurs dires, le temps aussi les décourage. Dans le bâtiment principal, c’est une foule bruyante qui l’occupe.
Bilan du troisième jour : 12 km plus 9 km footing et 505 m de D+
Ma nuit au refuge
Je dors dans le petit dortoir de l’annexe qui compte 18 couchettes serrées les unes contre les autres. D’après le gardien, je serai en compagnie de quatre espagnols seulement. Après avoir écrit le récit de ma journée, je monte me coucher vers 20h30. Les Espagnols discutent puis vont s’endormir. Vers 21 h, deux jeunes filles viennent s’installer discrètement. Il est passé 10 heures quand un couple de jeunes Anglais monte à son tour dans le dortoir. Un bon coup de frontale à la ronde pour inspecter les lieux. Merci ! L’Anglaise a, comment dire, une petite voix assez « chaude ». Encore quelques allées et venues auxquelles se joint un troisième anglais qui redescend bricoler en bas. Pendant ce temps, les deux jeunes commencent les préliminaires ! Oh ! La montée du troisième met fin à cette activité. C’est cet instant que choisit un des Espagnols pour entamer un magistral ronflement qui va durer toute la nuit ! Ça promet ! Je n’ai pas de bouchons d’oreilles que préconisent tous les guides de montagne. J’essaie de faire le vide. Je sens que je somnole mais pas de vrai sommeil. Vraiment, depuis le début de mon périple, je suis gâté de ce côté-là ! Ce qui me console, c’est que le troisième anglais ne dort pas non plus, je l’entends pester et se retourner continuellement sur sa couchette. Au milieu de la nuit, j’ai bien envie de balancer un oreiller au ronfleur. Je me contente de fouiller dans mes affaires à la recherche de PQ que je roule en boule et que j’enfonce dans mes oreilles, l’oreiller par-dessus et c’est relativement bon ! Je m’endors enfin !
Vers 7 heures, les jeunes filles repartent tout aussi discrètement qu’elles étaient venues, puis ce sont les Espagnols qui lèvent le camp. Les Anglais comme moi ont visiblement l’intention de paresser au lit. 8h30, le troisième Anglais se lève. C’est alors que le jeune couple entreprend alors de terminer ce qu’ils avaient commencé la veille. Rule Britannia! Euh…. par discrétion, je me lève et vais préparer mon petit déjeuner en bas. Un détail qui m’amuse beaucoup : le troisième anglais porte un bermuda avec l’inscription Mustang ! Le refuge s’est vidé. je prends mon café sur la terrasse, j’ai un des plus beau spectacles au monde face à moi
Mercredi 20 juillet : stand-by au Marcadau
Journée rien, en fait, si, lessive ! Je prends mon repas du midi en terrasse, spectateur de l’agitation du refuge. Un employé du refuge aplatit à coup de parpaing les grosses boites de conserves qu’il charge avec d’autres ordures sur des ânes afin de les redescendre dans la vallée.
Devant moi, ce paysage grandiose qui va du Vignemale à l’Ouest à la Grande Fache à l’Est sur fond de ciel bleu. Dans le vallon serpente un torrent de belle allure que bordent des pins à crochet. Je reste à paresser à ma table en buvant une bière. Les randonneurs arrivent en grand nombre. Un couple âgé s’installe à côté de moi pour prendre son repas. Je parle très longuement avec l’homme qui me raconte son expérience de la montagne qu’il a acquis au travers de ses pérégrinations à travers le monde, et des voyages en général. Cheveux blancs abondants à la Hemingway, le verbe facile même un peu hâbleur il me semble, il se raconte avec volubilité. Il a beaucoup bourlingué autour du monde. Il se nomme Bernard. Il est photographe, il effectue des reportages sur les minorités ethniques du monde et est membre d’un institut géographique dont je n’ai pas retenu l’intitulé exact. C’est un grand randonneur mais maintenant il est en délicatesse avec son genou droit. Cela le chagrine beaucoup car il ne plus marcher comme il veut ! De temps en temps, il se retourne vers son épouse silencieuse comme pour avoir son assentiment sur ce qu’il dit, celle-ci se contentant d’opiner de la tête ! Moi aussi, je me raconte. Je lui parle de mon vertige qui selon lui ne serait en fait que de l’appréhension. Je suis bien prêt à le croire. A sa demande, je les photographie sur fond de Vignemale puis il me tire le portrait avec son appareil ! Ils s’en vont. Je continue ma journée à lézarder à ma table en sirotant une deuxième kro ( quel courage que de siroter une Kronenbourg mais j’étais prêt en tout en venant ici !). Le linge sur la rambarde sèche au soleil généreux qui me donne des regrets de ne pas avoir entrepris de marche !
Ma sieste est interrompue par une famille, deux grands-parents et leurs deux petites filles. Bien sûr, nous engageons la conversation. Cela me fait l’effet d’être comme Forrest Gump assis sur son banc ! Ils sont montés au Marcadau pour montrer la montagne à leurs petites filles qu’elles ne connaissent qu’en hiver pour le ski. Ils ont deux grands fils avec qui ils ont beaucoup randonné et bivouaqué quand ils étaient jeunes. Aussi, ils se désolent que leur aîné ne fasse plus rien de tout cela. Aussi, ils ont amené les fillettes afin d’éveiller leurs sens mais ils ne se font guère d’illusion. Le mois dernier, ils ont randonné en Corse le long de la côte, toujours avec la tente.
Je soigne mes petits bobos, entre autre, une méga ampoule à l’orteil gauche malgré le pommadage à la Nok. Je tranche dans le vif à coup de ciseau !
Il est 16h30, les randonneurs arrivent en nombre de toutes les nationalités. Des Scandinaves vont se jeter à poil dans le torrent pour se rafraichir ! La faune randonneuse est pittoresque.
Jeudi 21 juillet : du refuge Wallon (1 865m) au refuge des Oulettes de Gaube (2 151 m)
Une excellente nuit, seul dans mon dortoir. Enfin !
J’ai pris la décision de descendre par Pont d’Espagne. Le col des Mulets ne me dit rien qui vaille. En fait, j’ai un peu la pression avec ce col. Un copain m’a dit qu’il avait eu des frayeurs avec. Pas trop envie de gamberger. Je sais, c’est un peu lâche.
Direction dont Pont d’Espagne. Le plafond est très bas, pourtant le soleil semble vouloir percer par moment. Comme je descends, je vais rester dans la crasse toute la journée ! La descente est agréable. Au fur et à mesure que je descends, je croise de nombreux randonneurs. Je n’avais plus de souvenirs du site. Pourtant, il est grandiose avec la Grande Cascade. Je résiste à la terrasse de café et vais rejoindre le GR10 qui monte au lac de Gaube. Je marque un arrêt pour téléphoner à Mireille et envoyer quelques sms. Je lis également ceux qui me sont adressés par les copains. Celui de Thomas d’Alençon m’émeut beaucoup. Un autre Thomas qui est à Pau me propose de m’accompagner sur une étape. Je lui téléphone pour en discuter mais pas évident à mettre sur pied. On verra ça samedi quand je serai à Gavarnie. Je ne me souvenais non plus comme la montée vers le lac était si raide avec ses grandes marches en pierre. Euh, c’est ça la montagne comme aurait dit la dame de la Grande Fache ! Les randonneurs sont nombreux malgré le temps. Vers 13h30, je casse la croûte et reprends ensuite mon ascension, vaille que vaille. Je progresse dans les nuages avec une visibilité à 100 m, pas plus ! J’arrive enfin au lac de Gaube. La vue est jolie, particulièrement de la partie sud pour peu qu’on se soit élevé pour y voir le torrent s’y jeter. Je salue tous les randonneurs. D’ailleurs, c’est un jeu assez amusant. Certains visiblement n’en ont pas envie, la mine chafouine ; d’autres, au contraire, ont le visage ouvert. Ce matin, en descendant, j’avais croisé un groupe de garçons scouts qui m’avait salué. Là, je croise un groupe de filles scoutes. Rien, pas un regard, bégueules va ! La politesse, ça ne s’apprend pas chez les scouts ?? En tout cas, celle qui ferme la marche – la plus jeune- est en pleurs, trottant comme elle peut à la suite de ses devancières qui l’ignorent. Ah, les saines valeurs du scoutisme !
Ma progression est toujours aussi lente. Mon sac me martyrise le dos. J’essaie plusieurs réglages de hauteur. Que le chemin est long dans cette crasse. Je marque des arrêts. Un couple m’aborde pour me demander ce que je fais. Ça fait plaisir de discuter 5 mn. La visibilité baisse. Arrêt avec des touristes asiatiques pour observer deux petites marmottes à 20 m de nous en contrebas. J’espérais dépasser le refuge des Oulettes de Gaube mais guère de jus. A des jeunes, je demande s’il est proche. Ils me répondent qu’il est à 5 mn et que le gâteau est bon. On n’y voit plus rien ! Ouf, le voilà mais il faut grimper pour y accéder. Je recroise le couple de tout à l’heure qui redescend, une poignée de main pour se saluer. Allez, une bonne bière et ce bon gâteau et je m’installe en terrasse où il n’y a rien à voir ! Pourtant, nous sommes face au Vignemale !
Je redescends trouver un endroit pour bivouaquer. Pas évident de trouver dans cette purée. Je m’aperçois qu’il me manque des sardines. Aie ! C’est comme à l’hospice, manger 18h30, coucher 19h ! Degré d’humidité : 200%. Mes poumons se transforment en branchies. Dans la nuit, j’entends les séracs dégringoler avec un grondement sourd du plus lugubre effet !
Bilan du quatrième jour : 19 km et 655 m de D+
Vendredi 22 juillet : du refuge des Oulettes de Gaube (2 151 m) à Gavarnie (1 365 m)
Hier, il y avait 41 ans que Neil Amstrong posait le pied sur la Lune. Ce matin, en montant à Baysselance, j’ai un pas aussi irréel ! Je suis face à la muraille nord du Vignemale. L’air est glacial mais je suis enfin au-dessus des nuages. D’autres nuages plus hauts dans le ciel dessinent un jeu étrange d’ombres et de lumières sur cette face colossale. Je regarde autour de moi le panorama inouï. Qu’est-ce qui a poussé l’homme à tracer ces pistes improbables dans ces montagnes escarpées pour les franchir ? Quelle ingéniosité à trouver le bon passage ! Quelle patience et quel travail à les construire ! Tout en grimpant, face à cette verticalité, je me demande à chaque fois, mais par où vais-je passer ?
Il est près de 10 h. Le soleil donne après une nuit bien humide. Ma tente Vaude condense très fortement et l’eau s’est égouttée sur mon duvet ! La montée dans la pierraille continue. Beaucoup de randonneurs fréquentent ce chemin, certains ont bien du mal à desserrer les dents pour dire bonjour. Ceux qui grimpent vont beaucoup plus vite que moi. Quelle importance ! Je suis libre, seulement prisonnier de mes sentiments et de mes rêves.
Je contemple le Vignemale. Les derniers cent mètres sont rudes. Voilà, enfin la Hourquette d’Ossoue est atteinte (2 734m). Un simple col que franchissent des milliers de randonneurs chaque année. Qu’importe, il a beaucoup de valeur pour moi, comme un passage à la recherche des fantômes du passé.
La brume vient effacer le Vignemale. D’autres nuées montent à l’assaut des sommets environnants en puissantes vagues cotonneuses. Un certain nombre de randonneurs contemple ce spectacle sublime. Un couple de jeunes Italiens atteint le col. Lui parle très bien français avec ce joli accent chantant qu’ont les Italiens. Ils sont déçus car maintenant les nuées cachent le sommet, ils en trépignent presque ! On prend le temps de se parler. Ils me racontent leur périple qui les emmène autour du massif de Gavarnie, un bien beau programme. Oh, le sommet se dégage, vite pour les photos. On se photographie mutuellement avec nos appareils.
Il est midi quand j’arrive au refuge de Baysselance, du nom d’un président d’autrefois du club alpin local. Je me laisse tenter par le plat du jour : omelette aux oignons et au lard, avec une purée. Ce refuge n’a rien à voir avec celui du Marcadau. Très propre, l’intérieur aux murs lambrissés de pin est très chaleureux. Les pièces petites donnent une atmosphère feutrée à l’endroit. Dans l’autre salle, trois hommes jouent aux cartes près des étroites fenêtres. Je demeure dans la petite pièce centrale où trois guides discutent d’un projet. Un tout petit poêle à bois appuyé sur le mur central donne une note bien dérisoire pour chauffer l’endroit. Dans la cuisine, une radio diffuse de la musique. Des ardoises aux écritures colorées, posées sur de petits chevalets ou accrochées aux murs renseignent sur ce qu’on peut manger ou boire dans ce refuge Le gardien après avoir pris ma commande s’entretient avec une Espagnole. il lui raconte son passé de grimpeur en montrant des photos de lui en action qui ornent les murs parmi d’autres des paysages environnants. Maintenant, ses doigts n’ont plus la force de le hisser sur les rochers.
Le plat vient de m’être servi : il est monstrueux ! Cela me fait tout drôle de saisir une fourchette et un couteau, c’en est troublant !
Je reprends mon chemin tout guilleret après avoir fait le plein d’eau. La pente de la gorge où mugit un torrent est forte mais les lacets sont nombreux. Seul un passage dans la paroi mérite de l’attention. Je suis à nouveau dans la crasse, euh… Je veux dire dans les nuages. Dans la vraie crasse aussi peut-être ! Vivement une douche à Gavarnie ! Je m’arrête pour laisser la place à un groupe qui monte selon le code en vigueur. Une femme du groupe m’interpelle au sujet du gobelet qui est accroché à la bretelle de mon sac. C’est celui de la Gazelle. Elle me demandait s’il s’agissait d’un de ces verres qu’on paie aux fêtes du vin ou autres lieux festifs pour boire à volonté. Alors, je leur parle de cette jeune fille traileuse tuée dans un accident de la route à Grenoble, du trail hommage de l’an dernier chez elle dans les Monts du Lyonnais, de ce qu’est un trail, de Dewa Sherpa, de l’UTMB dont ils ont entendu un peu parler, des courses de montagne dont celle du Vignemale qui va se dérouler ici samedi. Je la ramène un peu sur mon passé - glorieux !- de traileur; vrai plaisir de discuter aves des gens ouverts et curieux.
Je reprends ma route. Me voilà arrivé en bas. Deux jeunes filles m’interpellent afin de connaître l’état du chemin. Elles s’inquiètent de la présence de névés. Je les rassure, les deux que je viens de franchir ne posant pas de problème à priori ( Marc, plus tard, me dira le contraire, comme quoi !!!!). Pendant que j’écris ces lignes assis sur un rocher près du torrent, une marmotte s’ébat non loin de moi. Les iris bleus tapissent les gazons avec une intensité que je ne connaissais pas. Au barrage d’Ossoue, je préfère descendre par le chemin plutôt que par le GR 10. De toute manière, on ne voit rien. J’avais déjà fait l’impasse de passer par le col de la Bernatoire puis Boucharo pour voir la brèche. Quelle déception, c’est de la marche pour la marche ! Je commence à perdre des illusions. Alors autant descendre le plus vite possible à Gavarnie. Et ça va faire fissa car un groupe de voitures descend. Les trois 4x4 espagnols m’ignorent, mais le dernier, un fourgon rouge s’arrête à ma hauteur. C’est un guide qui me propose de me redescendre à Gavarnie. Cela ne se refuse pas. L’histoire se répète. Ce guide part dans les Alpes pour conduire des clients sur le Mont-Blanc et aussi pour rencontrer un habitué afin de discuter des modalités d’un treck dans l’Himalaya. Notre conversation est nonchalante, on échange quelques bribes de notre histoire personnelle.
Me voilà à Gavarnie, cela vaut bien une douche chaude mais pas plus ! C’est ce qu’il y a de pire en matière touristique et marchands du temple ! Direction le camping. 2€ le jeton pour une douche et 7 mn d’eau chaude, le bonheur ! La seule activité à Gavarnie qui mérite de l’attention c’est de regarder où on pose les pieds pour ne pas les mettre dans le crottin quand on déambule dans les rues ( mon jugement est sévère à cet instant, j’y reviendrai plus tard !).
Bilan de la journée : 26 km et 583 m de D+
Samedi 23 juillet : Camping La Bergerie (1 380 m) à la Grande Cascade (1 768 m)
Je me réveille dans ma douche, euh non ma tente où l’eau s’égoutte sur moi. Le duvet est trempé. Grrr, bravo la tente Power Lizard UL de Vaude. Le prix me reste en travers de la gorge. Le moral est dans les chaussettes. Il fait froid. Pourtant lever 7h30, toilette au camping et bon petit déjeuner. Plus tard, dans la matinée, je descends en ville rejoindre l’Office du tourisme afin de me renseigner sur les gares les plus proches ! En remontant, j’achète la presse. Merde, une boucherie en Norvège ! A chaque fois, cela me détruit comme l’attaque de l’école de Beslan ou celle du Théâtre de Moscou. Je suis atterré, terrible est le destin qui vous fait croiser la folie humaine.
Je fais quelques emplettes à l’épicerie locale. Je n’y ai pas pris grand-chose mais il m’a fallu sortir un gros billet !!!! Je passe plusieurs coups de fil avec Thomas pour mettre au point notre sortie de tantôt. Finalement, il vient avec sa copine Clémentine et compte arriver vers 13h. Le temps semble se dégager, mon moral aussi. J’en profite pour effectuer une lessive. Les amis arrivent vers 13h30, c’est que la route est bien tortueuse depuis Argelès. Nous allons au même restaurant où j’étais hier soir. Puis on choisit la balade. Ce sera le classique de Gavarnie : la Grande Cascade ! Classique mais alors somptueux.
Je ne connaissais le cirque que vu du haut ! Mais alors là, je suis bluffé. Thomas et Clémentine partagent mon admiration pour ce chef d’œuvre de la nature. Beaucoup de touristes, oui, ils ont bien raison de venir mais la grande majorité s’arrête à l’Hôtellerie du Cirque ! Il est vrai que la suite du chemin est un tantinet plus sportive : d’abord dans la pierraille puis dans le croulant sur une pente forte pour accéder au pied de la cascade. Nous sommes ravis, transportés; le spectacle est saisissant.
Quelques photos puis nous redescendons dans le croulant. N’ayant aucune charge, je m’amuse à glisser comme à ski sur la pente ! Je ne dirai pas qui était le moins à l’aise pour descendre. Nous obliquons vers le névé que nous traversons pour aller dans la pierraille de l’autre côté. La descente dans la prairie semée d’iris bleus avec la vue sur la vallée de Gavarnie procure un immense sentiment d’exaltation. Thomas et Clémentine sont comblés par notre balade. Voilà, ils sont repartis avec leur jeunesse et moi, demain, direction le cirque d’Estaubé par la Hourquette d’Alans puis celui de Troumouse.
Bilan de la journée : 11 km et 388 m de D+
Dimanche 24 juillet : De Gavarnie ( 1 380m) à Héas (1 521 m)
8h45, direction la Hourquette d’Alans donnée en 3h30. De suite, dans les lacets très courts encombrés de gros blocs de pierre, j’ai repris ma marche lente qui me convient bien. M’appuyant sur mes bâtons, avec mon sac dans le dos, énorme protubérance, je forme un étrange être à quatre pattes. Je suis dans ma solitude. Je ne sais lequel de mes trois cerveaux, le primitif, le limbique, le supérieur, me fait avancer. La montée est bien sûr rude, c’est la montagne ! Je ne respire pas comme je veux à cause du sac qui enserre ma cage thoracique. Je pose le bâton devant moi, un ou deux pas plus loin, il est derrière moi, je le ramène devant, pareil pour l’autre côté, à l’infini. Etrange démarche. J’ai dépassé l’étage boisé pour atteindre la pelouse alpine. Soudain, quatre traileurs espagnols dévalent la pente devant moi. Le premier s’arrête pour prendre le temps de m’expliquer leur périple. J’y j’ai bien compris ( !), ils doivent faire le tour du massif de Gavarnie. Plus loin, c’est un couple de traileurs que je croise. Hola ! Bravo ! Cela me réjouit le cœur de les voir courir, moi humble tortue qui ai encore 400 m de D+ à gravir.
Encore quelques lacets, soudain, je l’aperçois mais elle se dérobe aussitôt à ma vue dans une nuée. Passer un col, moins anodin qu’il ne paraît ! Un groupe d’Anglais à l’allure si british et un autre cosmopolite se restaurent en ne contemplant rien. On n’y voit pas à 10 mètres ! En descendant dans le cirque d’Estaubé, je retrouve de la visibilité en passant sous les nuages. Sur ma droite, j’aperçois la brèche de Tuquerouye. J’y serais bien aller pour admirer Monte Perdido mais c’est comme pour la brèche de Roland, à quoi bon, les sommets sont dans les nuages ! J’en prends mon parti.
Je descends donc tranquillement, discutant avec les randonneurs que je croise. Voilà le lac des Gloriettes. Les touristes sont nombreux. Maintenant c’est du bitume. Je descends quelques lacets pour attraper la route d’Héas. Je tente le stop mais je dois faire peur aux gros 4x4 !
J’arrive à Héas qui est la porte du cirque de Troumouse (J’y suis déjà allé plusieurs fois avec les enfants : le col de Bouneu, le pic de Gerbats,…). J’avise un panneau camping à l’entrée du hameau. Le lieu est accueillant mais pas un seul campeur ! J’interpelle un vieil homme qui va chercher sa femme. Elle a bien 80 ans. Si, si, c’est bien un camping ! Je ne sais pas si le percepteur est au courant. Là encore, on prend le temps de discuter. Elle a de gros soucis de santé avec sa vue qu’elle perd ! Elle s’en désole. On le serait à moins ! Elle me fait visiter les commodités. Je lui demande combien je lui dois, elle me dit : « ce que je veux ! ».
Il recommence à pleuvoir. Mon hôtesse revient discuter avec moi après mon installation. Elle est née en 31. Son père était guide dans les années 20-30 pour les touristes fortunés. Toute jeunette, elle était de toutes les randonnées avec son père. Elle connaît tous les chemins de la région, vraie mémoire vivante du pays. Cela fait qu’une semaine qu’elle et son mari sont là. Le reste de l’année, ils demeurent à Gèdres. Leurs enfants sont montés avant afin de s’occuper des bêtes. Elle me parle du temps passé, du grand hiver de 1953 où il y eu tant de neige ! C’est vraiment une personne avec qui on aimerait bavarder des heures pour l’entendre raconter « son pays » avec un accent rocailleux comme il se doit !
Bilan de la journée : 16 km et 1 102 m de D+
Lundi 25 juillet : De Héas (1 520 m) à la Hourquette d’Héas (2 608 m)
La pluie a recommencé à tomber au milieu de la nuit. Au matin, la condensation dans la tente est telle qu’il pleut sur moi ! Je reste cependant bien au chaud dans mon duvet. Vers 7h30, je me lève et regarde par l’ouverture de la tente. J’aperçois un petit morceau de ciel bleu. Ce sera le seul, promesse bien trompeuse, le pire est à venir. La pluie est fine. Je me prépare comme d’habitude. Je coince un bâton dans un passant de la tente pour me faire un auvent au-dessus de mon réchaud. Comme chaque matin, je prépare mon lait et muesli, puis un café. Je range mes affaires sous la pluie, puis plie la tempe trempée. Cette fois, je la range dans la partie inférieure de mon sac car son enveloppe humide la rend glissante comme une savonnette ne tient pas malgré un serrage énergique des sangles de maintien. Hier, je l’ai « perdue » deux fois, heureusement que j’avais attaché le lien de serrage au sac, encore un bon point pour Vaude !
Voilà, je suis prêt mais le ciel est tellement bas, si bas. Je dis au revoir à la propriétaire en faisant le fanfaron concernant les Normands et la pluie, et je prends gaillardement la route. Puis j’attaque les premiers lacets. Au-dessus, j’aperçois deux groupes de deux randonneurs à l’abri sous leur cape-pluie sombre qui rend leur allure si étrange. Aussitôt dans la pente, je prends mon allure économique et marque des arrêts tous les 15 mn environ. Je m’élève lentement. Le chemin m’amène le long d’un torrent dont le flot est particulièrement furieux. Sous la pluie, je suis prudent sur les pierres mais j’ai une bonne accroche et je m’équilibre bien avec les bâtons que je juge indispensable dans une telle montée. Pourtant le groupe qui me précède n’en a pas ! J’ai plus de 1 100 m de D+ à gravir. J’ai vu au départ 3h45 comme temps de montée. Je me donne une heure de plus pour être à la Hourquette. Le bruit et le débit du torrent sont impressionnants. La visibilité est à moins de cent mètres. Il pleut. Mais je monte, sans doute l’esprit un peu anesthésié par l’effort. Mais je me suis fixé un but et j’entends m’y tenir. Pourtant cela fait bien cinq jours que je progresse sans vraiment voir ce quoi je voulais admirer. Maintenant, c’est marcher pour marcher, pour avancer vers un ailleurs. J’arrive à un premier pla. Cela me permet de souffler un peu. J’aperçois toujours au loin mes devanciers qui ont bien 15 mn d’avance sur moi. Sur ma gauche, se trouve une cabane avec un enclos à moutons. A ma droite, j’aperçois un oratoire. Je me donne la peine d’aller le voir : c’est un ensemble qui représente trois personnages sculptés dans ce qui me semble être un bloc de stalagmite. La plaque au-dessus relate une légende concernant le vol de deux colombes, à l’origine de la Vierge d’Héas.
Je reprends ma route qui s’élève à nouveau à flanc. Le chemin caillouteux se monte malgré tout sans trop de mal. Il domine le torrent qui gronde dans sa gorge. La pluie s’épaissit, la visibilité est toujours aussi mauvaise. Des écharpes nuageuses mouvantes masquent tout à tour l’environnement proche. Pour le reste, tout est effacé ! Le néant. J’arrive à un deuxième pla où est installée une cabane-abri. Pour l’instant, je suis sur la piste. Je vois toujours la marque rassurante des chaussures de mes prédécesseurs dans la boue. Je commence à avoir de l’ impatience concernant mon arrivée là-haut mais en consultant ma montre, je vois que j’en suis encore à une heure. L’univers où j’évolue est particulièrement désespérant dans sa monochromie. Il devient même inquiétant mais pour l’instant je n’éprouve pas d’angoisse sur ma situation. J’ai consulté ma carte bien humide pour avoir un aperçu du tracé mais je ne l’ai pas bien évalué à ce moment, ni bien jugé de sa direction. C’était le moment de sortir la boussole ! Et vu ce que je pouvais voir devant moi à ce moment-là me semblait pas terrible comme voie ! Grave erreur de ma part. Aussi quand je rencontre une flèche composée de pierre qui indique une direction à droite suivi par un alignement de cairns, je me dis que c’est la bonne voie surtout que je pouvais apercevoir la ligne de crête avec des épaulements qui me semblaient accessibles. Oui, mais ce n’était pas la direction ! Pourquoi je n’ai vu les marques des semelles qui continuaient sur la piste ? Ma vigilance a été prise en défaut préférant une voie qui me semblait facile, refusant en quelque sorte la dernière difficulté que j’avais entrevue.
Je me mets à suivre les cairns car là, il n’y a plus de piste. Je remonte donc sur la droite dans un petit thalweg herbeux puis débouche dans de la pierraille. Cependant, je repère bien les cairns. Cela met à contribution mon sens de l’observation. De prime abord, je trouve ce petit jeu de piste plaisant. Ce sentiment va disparaître assez rapidement par la suite. A un moment, je dois gravir une pente rocheuse. Au-dessus de l’épaulement, j’aperçois quelques isards. J’attaque la pente d’éboulis puis j’arrive au passage purement rocheux. Je dois mettre les mains pour me hisser mais j’ai les doigts engourdis par le froid et ai du mal à assurer mes prises. Le vent devient de plus en plus fort à mesure que j’arrive sur la crête. Enfin, me voilà sur la croupe qui semble marquer le col. Je ne vois aucune indication de quoi que ce soit ! Je m’approche du bord. J’ai l’impression d’être au bord des falaises d’Etretat ou plutôt au bord du monde avec, sous mes pieds, un bouillonnement laiteux inquiétant à la Lovecraft. Ce gouffre infernal allait-il m’absorber ?
Je n’ai aucune visibilité de ce qu’il y a en-dessous. Un peu inquiet, je ne vois pas descendre par là. Je remonte vers le Nord pour trouver le passage. J’aperçois un cairn juste avant que la crête ne se relève. Je m’y rends et regarde en-dessous mais la visibilité étant inférieure à 5 m vers le bas, cela me semble totalement vertical. Je perçois bien l’amorce de quelque chose dans la paroi très escarpée mais est-ce le chemin ? Je ne me sens absolument pas capable d’y aller. La pluie redouble. Je n’ai plus aucune visibilité dans cette direction. Non, je perçois très bien que là, je mets ma vie en danger et je renonce ( en fait, je ne suis pas du tout au bon endroit et il n’y avait pas de sentier à ce niveau-là , étant trop au sud !).
Il me faut faire demi-tour. De ce côté, vers l’Ouest, j’ai encore de la visibilité, fugace au demeurant. Il faut redescendre, je le fais au jugé ayant repéré un mamelon dont j’avais remonté le thalweg tout à l’heure. De l’angoisse est montée violemment en moi. Cependant, j’essaie de garder la tête froide. Je détermine ma voie et redescends finalement sans vraie difficulté les pentes rocailleuses. Les isards sont toujours là, indifférents à mon sort. Je ne me fie plus trop aux cairns car, finalement, il y en partout ! J’en reste à ma mémoire visuelle pour retrouver le passage par lequel je suis venu malgré les bandes nuageuses qui le voilent à tout moment. Dans l’instant, sur ce pla, je me dis que je vais bivouaquer là en attendant une météo plus clémente. Mais je n’y crois plus et j’ai vu à Gavarnie qu’il il n’y aurait pas d’amélioration avant jeudi. Cela fait 8 jours que je suis parti ; à part le lundi et le samedi après-midi avec Thomas et Clémentine, j’ai toujours évolué dans la crasse. J’ai fait des impasses sur des itinéraires car je n’aurais rien vu. C’est désespérant et décevant. Je n’ai eu que de trop rares grands moments. Depuis quelques jours, c’est un chemin bien morne que je suis. C’est décidé, j’arrête et je redescends.
Mes chaussures ne sont pas en goretex, j’ai les pieds trempés, mon pantacourt également. Mais le haut est bien protégé par ma polaire et ma veste. C’est l’essentiel car je n’ai pas froid et je me sens bien physiquement et moralement ( euh ?). Depuis que j’ai pris la décision de renoncer, mon angoisse de tout à l’heure s’est dissipée. Soudain, j’avise une tente verte dans ces miasmes. Je m’y rends en interpellant à voix haute son occupant. C’est une anglaise (et pas une jeunette !). J’ai dû la réveiller. Je discute avec elle quelques instants. Elle attend que le mauvais temps cesse pour repartir. So british ! Elle me met un peu de doute dans mon esprit, je n’ai qu’à faire comme elle. Mais non, le fil est cassé. J’ai retrouvé la piste initiale. La pluie redouble, intense et grasse. La visibilité est toujours aussi mauvaise. Je descends à bonne allure comme pour fuir le lieu de ma défaite. Je n’ai pas mangé, je n’ai pas faim. Par contre, je bois souvent et je vide ma poche à eau. Dans un premier temps, je continue comme ça, tellement pressé d’en finir. Mais la soif est là aussi je m’arrête et remplis la poche avec la bouteille de secours. Tout en descendant, j’ai l’esprit un peu en désordre, tourmenté, mesurant ma déception infinie.
Voilà, j’arrive bientôt en bas, j’aperçois les quelques maisons du hameau. Sur la route goudronnée, mon esprit se calme. Je vais redescendre à Gèdres en marchant. Ce n’est pas 10 ou 15 km qui me font peur. Je me lance d’un très bon pas de marcheurs sur la route, toujours sous la pluie intense, avec un gout d’amertume dans la bouche. Quand j’entends une voiture derrière moi, je tends le pouce sans grande illusion. Je ne compte que sur moi. Il est dans les 16-17h. Je sais qu’à Gèdres, se trouvent un camping, des hôtels, bref de quoi faire étape et il y a une ligne de bus. Je téléphone à Thomas de Pau pour m’enquérir éventuellement de sa disponibilité pour me rapatrier sur Pau mais il finit à 18 h et a un rendez-vous à 19h. Pas grave, je vais me débrouiller mais je m’en veux de l’avoir dérangé maintenant.
A un moment, deux voitures me passent rapidement mais je sens qu’une troisième derrière ralentit dans mon dos. Elle s’arrête à ma hauteur. La fenêtre passager se baisse…
L’improbable de l’improbable, l’inouï ! C’est Isabelle ! Une amie, naguère d’Alençon maintenant établie à Lourdes, avec qui nous avons randonné ici à plusieurs reprises ! On se regarde sans y croire, tellement stupéfaits l’un et l’autre de cette rencontre incroyable. En quelques mots, j’explique ma situation. Elle et son compagnon Marc assurent le suivi de deux randonneuses sur le HRP, parties depuis Hendaye. Ils me proposent de m’héberger chez eux à Lourdes. Ils doivent revenir demain à Héas où ils ont laissé les randonneuses au refuge pour les accompagner dans la montée de la Hourquette d’Héas puis jusqu’à Baroude. Demain donc, je n’avais qu’à revenir avec eux. Le destin !
Cependant, je leur dis que cela dépendra de la météo. Effectivement, le soir, sur Internet pas d’espoir de beau temps avant la fin de la semaine. La décision demeure. Je vais à la gare de Lourdes prendre mon billet pour le Mans demain à 7h40. D’ailleurs, les deux randonneuses vont téléphoner dans la soirée pour annuler l’étape de demain et pour annoncer qu’elles repartiront directement de Parzan, mercredi.
Bilan de la journée: 21 km et 1 088 m de D+
Fin de ma balade pyrénéenne. Je ne verrai pas les Gourgs blancs tant espérés. Il ya d’autres années à venir pour cela, sans doute. Il est 10 h, ce mardi dans le TGV qui m’emmène vers Paris. Il est trop tôt pour tirer le bilan de ce périple, d’ailleurs est-il besoin d’en tirer un ? Il me suffit de garder en mémoire la succession de souvenirs engrangés tout au long de ces huit jours : cette galerie impressionnante de personnages rencontrés, ces paysages formidables que j’ai pu contempler toutefois, rarement sous le soleil, le plus souvent dans la grisaille la plus désespérante.
Au fur et à mesure que le train m’emmène vers le Nord, le ciel se dégage et un bleu insolent emplit la fenêtre de mon compartiment.
"Toutes" les photos sont ici
Voici un film en deux parties sur ma balade pyrénéenne :
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12 commentaires
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 28-07-2011 à 11:02:19
Ben, la prochaine fois, tu feras ton périple en été !
Désolé pour le ronflement, j'étais pourtant venu incognito...
J'ai tout lu et j'ai été sous le charme. Ce que je déduis de ton récit (en bon lutin grégaire), c'est que les rencontres furent aussi importantes que le reste. Sans les autres, on est peu de choses.
Commentaire de peky posté le 28-07-2011 à 16:02:05
bonjour,
beau récit plein de charme.
J'irais voir là bas un jour.
Commentaire de Disquette posté le 28-07-2011 à 23:20:02
Merci de nous avoir fait voyager!
Tu as fait de belles rencontres, tu as bien galéré, mais au moins tu as vu du pays!
(Tes vidéos sont à mourir de rire...!)
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 29-07-2011 à 08:51:25
Tout est dit, voilà...
Commentaire de la mouette posté le 29-07-2011 à 15:47:39
Je me souviens d'un passage à Bovine à un ultra-trail autour du Mont-Blanc avec Mustang,et là lire ce récit,c'est du Saint Exupèry dans"Pilote de Guerre" ou l'Alchimiste de Paulo Coelho("Mon cœur craint de souffrir dit le jeune homme
à l'alchimiste - Dis-lui que la crainte de la souffrance est pire que la souffrance elle-même et qu’aucun cœur n’a jamais souffert alors qu’il était à la poursuite de ses rêves).Je te souhaite un beau voyage ....
Commentaire de -loulou- posté le 29-07-2011 à 22:04:09
BRAVO PHILIPPE
Commentaire de titi61 posté le 29-07-2011 à 23:47:02
bravo bravo ......quoi d'autre???.....bravo philippe.
Commentaire de Eric Kb posté le 30-07-2011 à 10:02:48
Sale temps pour les mouches ! Un beau récit pour une bonne balade ! Il ne te reste plus qu'à recommencer....
Commentaire de RogerRunner13 posté le 30-07-2011 à 14:47:16
Encore un bien beau récit dont tu nous gratifies là, mais un peu flippante ta balade, avec du mauvais temps, surtout tout seul. Me revient en mémoire une superbe traversée que j'ai effectuée il y a quelques années entre l'Ossau et le val d'Arran, trois semaines de pur bonheur sur la haute route et un seul jour d'orage. Parcours difficile, mais que de belles images.....
Commentaire de mesyes posté le 02-08-2011 à 13:16:51
Merci pour les pages émouvantes de ce récit !
Commentaire de Cyrille posté le 02-08-2011 à 18:32:51
La vie, c'est quand même vachement beau des fois. Merci ;)
Commentaire de robin posté le 06-08-2011 à 21:19:24
j'ai bien fait de rentrer ! j'aurai loupé le dernier Mustang !et comme d'hab c'est du lourd !
merci pour cette savoureuse tranche de vie
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