Par Mustang - 21-09-2008 22:12:29 - 8 commentaires
L’enchantement
Il est 8h et je suis au Vignage ce dernier dimanche d’été. L’air est vif. Je suis seul ce matin à courir. Les autres ne viendront courir qu’à 9h. Non pas que je me désolidarise du groupe mais je dois être en tout début d’après-midi à Ecouché afin d’y effectuer un reportage photo sur le trail. De toute façon, nous étions ensemble hier en cette même forêt à la demande d’une équipe de FR3. Pour une fois que les médias TV s’intéressent aux traileurs, nous n’avons pas boudé notre plaisir. Nous nous sommes complaisamment prêtés au jeu !
Je pars doucement par une sente montante qui débouche sur une large sommière qui serpente nonchalamment dans la forêt. C’est une portion de mon itinéraire « Ma tindo tonne » assez ingrate, non pas que la forêt soit plus laide ici qu’ailleurs, surtout pas avec la Briante qui paresse dans le vallon, mais simplement c’est que mon corps est long à se dérouiller et la sommière n’est pas l’endroit que je préfère arpenter.
J’arrive au point pique-nique et j’oblique à gauche pour monter par une piste vers la croix de Médavy. Je commence à me détendre et à écouter enfin la forêt. Pourtant la pente est là. Passé le premier lacet, c’est l’enchantement enfin ! La lumière du jour naissant est exceptionnelle. C’est une lumière intense, d’une densité incroyable, filtrée par la frondaison des arbres. Je pourrais la toucher. Les rayons diffusent entre les troncs et éclairent les fougères brunissantes déjà ! L’automne s’annonce. Les feuillages encore verts laissent cependant deviner des couleurs jaune-orangé. Je quitte enfin les allées pour prendre sur la gauche une petite sente en faux-plat montant. Un bouquet de pieds-de –mouton s’offre à moi. Je m’arrête pour les cueillir, non ? Je retrouve plus loin une allée que je coupe pour continuer sur une sente envahie de fougères déclinantes. La lumière de ce matin contribue à leur flamboiement. J’oblique à droite sous les pins. Le sol est souple. Je plonge dans la pente que va couper la route de Médavy. Je traverse et continue sur un terrain que le débardage a bouleversé. J’attrape ensuite la piste étroite qui surplombe un vallon. Mes sensations sont bonnes. Je gagne enfin vers le vallon que j’affectionne tant. Mais les forestiers sont passés par là ! Il est complètement défiguré. Sa grâce a disparu, le ru se fraie péniblement un passage dans le chaos. Je remonte par un long devers. Je trottine pourtant, porté par la lumière magique. Par moment, le vent se fait entendre dans les frondaisons. J’émerge sur le plateau. J’oblique à gauche par un chemin envahi par l’herbe. Des bruits légers se font entendre dans les taillis sur ma droite. Ce ne sont que des oiseaux effrayés par ma course. De nouveau, j’emprunte une sommière pour quelques centaines de mètres pour prendre à droite une allée boueuse. Puis, à gauche, c’est une superbe allée herbeuse. Le soleil, face à moi, m’éblouit. J’ai l’impression d’être dans un autre monde. Des éclats de lumière argentés et dorés à la fois m’environnent et me cachent par moment la forêt. Je m’arrête. Ce n’est pas le silence, juste un bourdonnement, comme le bruit de fond du monde. Je continue. Il n’y a plus de piste semble-t-il pourtant je la suis, cette piste invisible aux yeux du profane mais elle est bien là, sous les fougères, entre les houx. Je sais parfaitement où je vais sur ce plateau de Pierre-Chien. Je redescends vers un ruisseau, le franchis et entreprends la partie la plus difficile du parcours, celle qui va à l'assaut de la falaise. Je gravis une cheminée, ma cheminée désormais ?? J’atteins le sommet et gagne l’éperon rocheux où je domine la forêt. Non, je ne la domine pas ! Il n’est pas question d’orgueil, c’est juste un effet de langage ! Non, je ne la domine pas, je la contemple jusqu’à l’horizon. C’est qu’Ecouves est vaste. L’impression est forte. Une buse non loin de moi prend son envol en lançant un cri d’alerte. C’est un grand moment de plénitude, si loin, si loin d’Islamabad ! Si loin !
Je reprends ma course. Je veux goûter chaque foulée. Je remonte vers le carrefour du Chêne-Verdier puis j’oblique à gauche en remontant encore. Enfin, j’atteins une longue ligne droite qui me ramène vers le Vignage. La descente permet une belle allure grisante. Vers la fin, je reprends cependant vers la gauche pour pouvoir déboucher sur le haut du Vignage, dans les rochers. Puis c’est le plongeon vers le parking ! Presqu’une 1h40 pour 14 km. Pendant que je m’étire, des voitures arrivent chargées de VTT. Je regarde avec envie les vététistes !! Allez, j’ai eu ma part ce matin !!
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8 commentaires
Commentaire de BENIBENI posté le 21-09-2008 à 22:23:42
Dans cette magnifique forêt, on ne peut que se sentir en vie ! J'y reviens cette hiver !
Commentaire de francois 91410 posté le 22-09-2008 à 08:49:05
Merci pour cette ballade matinale. C'est vrai que nous avons eu un week end lumineux. Place maintenant à l'automne !
Commentaire de brague spirit posté le 22-09-2008 à 09:06:30
Cela donne envie,d'aller s'évader dans la foret d'automne.(Quand le soleil sera revenu)
Commentaire de Epytafe posté le 22-09-2008 à 09:13:16
Merci pour ces instants.
Commentaire de Jihem posté le 22-09-2008 à 09:48:52
Quand Mustang un Carné Arletty dans un remake de l'Hotel du Nord façon campagne :
Osmose, osmose, t'aurais pas une gueule d'osmose toi ?
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 22-09-2008 à 13:00:07
T'as eu raison de courir seul..., avec le Lutin c'eût été moins poétique !
Commentaire de marioune posté le 23-09-2008 à 22:13:41
Je ne retiens que toute cette lumière dont tu parles.. tu es face au soleil, puis au milieu d'éclats de lumière argenté et doré, suit une lumière magique...
Un régal de t'y imaginer gambader le mustang..
Ici le moral est bon mais il fait gris et il pleut!!!!
Commentaire de la mouette posté le 24-09-2008 à 17:25:23
La solitude permet de se ressourcer et de se retrouver avec soi même, je connais bien ces sentiers de notre forêt d'écouve,ces sentiers me manquent actuellement , mais d'abord priorité au job!!
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